Celui qui fut président de la République entre 2007 et 2012 revient sur sa condamnation dans l’affaire des écoutes téléphoniques dans une interview donnée au «Figaro» ce mardi.

L‘ancien chef de l’Etat l’affirme, il n’est pas en colère, «il y a longtemps qu’elle est passée», et ce, malgré sa condamnation à un an de prison ferme, lundi, pour corruption et trafic d’influence. Nicolas Sarkozy s’exprime longuement dans les colonnes du Figaro, ce mardi 2 mars. «J’ai ressenti l’injustice profonde, choquante des procédures lancées contre moi depuis dix ans», indique celui qui fut président de la République de 2007 à 2012. «J’ai aussi conservé ma détermination pour que triomphent le droit et la justice, comme cela devrait se produire dans un Etat de droit.»
Nicolas Sarkozy, qui va faire appel de la condamnation, envisage même d’aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme s’il le faut. «Ce serait pour moi une souffrance que d’avoir à faire condamner mon propre pays, mais j’y suis prêt, car ce serait le prix de la démocratie», estime-t-il. L’an­cien patron des Répu­blicains le redit : «Ce qui s’est passé hier (lundi, Ndlr) constitue une profonde injustice que personne ne pourrait admettre. Je ne peux en effet accepter d’avoir été condamné pour ce que je n’ai pas fait.» Il note que «l’immense majorité des observateurs a évoqué un effondrement de l’accusation» durant les trois se­maines d’audience et que le jugement, un document de 254 pages, est «truffé d’incohérences».

Pas de preuves, mais un «faisceau d’indices»
«Il est écrit noir sur blanc que je n’ai accompli aucune intervention à Monaco en faveur de Gilbert Azibert. Mais le Tribunal estime dans le même temps que j’aurais utilisé les relations liées à mes anciennes fonctions de président de la République pour obtenir une faveur à Monaco. Il faudrait savoir : c’est soit l’un soit l’autre», fait valoir Nicolas Sarkozy. Il ajoute : «Le jugement ne fait pas état de preuves, mais d’un faisceau d’indices. J’affirme que pour condamner, dans un Etat de droit, il faut des preuves.» Il s’indigne aussi des écoutes téléphoniques qui ont été menées dans cette affaire. «Dans quelle démocratie le leader de l’opposition que j’étais à l’époque peut-il être ainsi espionné, pendant sept mois, en voyant le contenu de ses conversations livrées à la presse ?»
L’ex-ministre de l’Intérieur se questionne au sujet de certains magistrats du Parquet national financier (Pnf) et notamment Patrice Amar, le premier vice-procureur du Pnf, qu’il accuse d’avoir eu «une forme de paranoïa». «J’ai découvert chez vos confrères du Point l’existence de la lettre de 17 pages qu’il avait adressée à la Procureur générale de Paris, convaincu qu’il était que Eliane Houlette, à l’époque à la tête du Pnf, était la mystérieuse taupe qui me renseignait sur les avancées des investigations… C’est insensé», tonne Nicolas Sarkozy, qui a reçu «des milliers de témoignages» de soutien et d’affection. Ses ennuis judiciaires lui barreront-ils la route pour 2022 ? «J’avais dit que je ne serai pas candidat à l’élection présidentielle, je le maintiens», rappelle-t-il, avant de glisser toutefois au sujet d’un possible soutien à un candidat : «Au moment où chacun aura fait valoir ses ambitions légitimes, je dirai qui je soutiens et pourquoi je le fais, en toute transparence avec ma famille politique.»
Le Point