Sortie – Fatou Sow à la nouvelle génération de féministes : «C’est à elle de construire des images qui nous permettent de vivre dans notre temps contemporain»

Fatou Sow estime que le plus grand défi du féminisme reste «le fondamentalisme religieux et culturel», car «les interprétations des religions en direction des femmes ne sont pas forcément pour le droit des femmes, l’égalité». Elle demande à la nouvelle génération d’engager le combat.Par Malick GAYE
– Le mouvement féministe a plus de 50 ans d’expérience dans la lutte pour le droit des femmes. Pour autant, même s’il y a des résultats notoires, beaucoup reste à faire. Et d’après la sociologue Fatou Sow, le plus grand défi du féminisme reste «le fondamentalisme religieux et culturel. Les interprétations des religions en direction des femmes ne sont pas forcément pour le droit des femmes, l’égalité. Elles conditionnent la position de la femme et ne sont pas forcément dans nos meilleurs intérêts. Les cultures donnent des images de la femme qui ne sont pas forcément des images de liberté, de reconnaissance de l’opposition». Pour le membre fondateur de Yewwu yewwi, c’est à la 3ème et dernière génération de féministes de «déconstruire l’image de la femme africaine, éternelle, pour construire des images qui nous permettent de vivre dans notre temps contemporain». Un postulat qui n’est pas totalement partagé par la nouvelle génération. Maïmouna Eliane Thior, chercheuse, estime que «les gens ont des choses à dire. On a des choses à défendre et on les assume. Le défi de cette dernière génération est pluriel. On est dans une période où il y a beaucoup de revendications qui se sont ajoutées à celles qui étaient déjà là. Il y a des rapports sociaux qu’on devrait rediscuter pour éradiquer certaines inégalités. Il y a autant de femmes que de féminismes. Chaque femme définit sa priorité selon sa classe sociale, son milieu». Pour Maïmouna Eliane Thior, l’enjeu de cette dernière génération «c’est de pouvoir expliquer le féminisme. On devrait arriver à poser le débat du féminisme sans pour autant soulever des passions. Les Sénégalais semblent être allergiques à ce mot. Ça renvoie à beaucoup de choses péjoratives». Les deux actrices de la cause féminine se rejoignent sur la nécessité de former un mouvement pour une lutte beaucoup plus coordonnée. «Pour le moment, il y a des collectifs. Même si c’est un peu dispersé, il faut l’avouer, c’est l’une de nos faiblesses et controverses. Il faut encore beaucoup plus de synergie», a constaté Maïmouna Eliane Thior en marge de l’atelier sur le dialogue intergénérationnel sur le féminisme au Sénégal. Qui se referme aujourd’hui. Cette activité veut lancer les bases d’un mouvement national qui se bat pour l’amélioration de la condition féminine.
mgaye@lequotidien.sn