Accusés dans une affaire de trafic de visas, les rappeurs Kilifeu et Simon ont été hier placés par le juge d’instruction du 2ème cabinet sous mandat de dépôt. Cette affaire couvre de boue deux idoles du mouvement rap et Y’en a marre qui auraient du mal à s’en relever.Par Justin Gomis – 

Au cœur d’un imbroglio judiciaire sur une supposée affaire de trafic de visas, les rappeurs Kilifeu, Landing Mbessane Seck à l’état civil, et Simon Kouka sont tombés de haut. En attendant la vérité judiciaire, les deux leaders de Y’en a marre ont connu une carrière couverte de gloire, une réputation sans frontières. Mais, la chute est trop brutale pour les théoriciens du «Nouveau type de Sénégalais». Cette expression était le référentiel de leur mouvement, qui semait des graines de l’espoir entre 2011 et 2012 en se dressant contre la troisième candidature de Me Wade à la présidence de la République. Guidé par ces étoiles musicales, Y’en a marre remplissait la Place de l’Obélis­que.
Après les périodes d’euphorie suivent souvent les temps de baisse de régime.
Autant les idées étaient toujours révolutionnaires, autant l’écho de leurs revendications devenait nettement moins audible au sein de la société. Car, ils étaient devenus des alliés des partis de l’opposition dans certaines structures comme Noo Lank.
Aujourd’hui, cette affaire de trafic présumé de visas vient de couvrir de boue ces idoles d’une partie de la jeunesse déchantée des années 90 et 2000, qui avait trouvé dans le rap des remèdes à leurs problèmes existentiels. Et aussi en Y’en a marre une substitution à l’élite politique jugée trop «pourrie». Simon et Kilifeu étaient alors devenus les symboles de la non-allégeance au pouvoir public, politique. Ils étaient devenus la conscience d’une certaine population «martyrisée» par plus de 60 ans de politique régentée par une caste d’hommes politiques «dépassés» et «avides de pouvoir».
Aujourd’hui, ces deux icônes du rap et de la Société civile ont un avenir moins radieux devant eux. Car cette affaire de visas est une histoire qui gomme les accomplissements d’une vie. Même si demain la justice venait à vous blanchir, la réputation est déjà dans les caniveaux.
Il faut rappeler qu’au lendemain de la publication de ses vidéos-scandales, le Kaolackois s’est lavé à grande eau à travers une déclaration publiée sur sa page Facebook. Lui-même avait demandé à la justice de s’autosaisir pour tirer cette affaire au clair. Il a été entendu par le Ministère public qui a ouvert une enquête près de deux mois après l’éclatement de l’affaire, qui a connu une instruction.
Après avoir subi lundi et mardi un retour de Parquet, les deux rappeurs ont été placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 2ème cabinet près le Tribunal régional de Grande instance hors classe de Dakar pour trafic de migrants, faux et usage de faux, entre autres.

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