Les Présidents du Ghana, Nana Akufo-Addo, et de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, ont fait le déplacement à Conakry, pour informer la junte des décisions de la Cedeao. Ils ont aussi pu mesurer sur place le degré d’impopularité de l’organisation sous-régionale.Par Malick GAYE – 

La Cedeao (Communauté éco­no­mique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a pu mesurer son degré d’impopularité en Guinée. L’organisation sous régionale, critiquée après avoir dénoncé le putsch en Guinée, a envoyé hier une délégation pour informer de vive voix les responsables du Cnrd (Comité national pour le redressement et le développement) des décisions prises, jeudi, lors du sommet de la Cedeao à Accra au Ghana, une semaine tout juste après une première mission diplomatique à Conakry, qui avait pu rencontrer le Président renversé Alpha Condé.
Conduite par le Président ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cedeao, la délégation n’a pas reçu un accueil chaleureux hier dans les rues de Conakry. Les Présidents Nana Akufo-Addo et Alassane Ouattara ont été hués dans les rues de Conakry. C’est sous haute escorte policière qu’ils ont regagné l’hôtel Sheraton. Mais bien avant, ils se sont entretenus avec le lieutenant-colonel Mamady Doum­bouya. Ils ont aussi échangé avec le Président guinéen déchu, Alpha Condé, pendant des heures. Si pour l’heure, rien n’a encore filtré de ces échanges, Seneweb affirme que la junte a servi une réponse salée à la Cedeao. Qui, après avoir donné un ultimatum de 6 mois aux militaires pour l’organisation d’élections, va geler les avoirs financiers des membres de la junte militaire qui a pris le pouvoir et des membres de leurs familles, et leur imposer des interdictions de voyager. Il s’agit de leur réponse la plus sévère depuis le coup d’Etat du 5 septembre dernier.
La Cedeao «a insisté pour que la Transition soit très courte», a déclaré à la presse le président de la Commission de la Cedeao, Jean-Claude Kassi Brou. Cette Transition «ne devrait pas durer plus de six mois. Dans six mois, il faudrait organiser des élections».
Cette attitude de la Cedeao vis-à-vis de la junte militaire au pouvoir en Guinée a des similitudes avec la réaction que l’organisation avait eue à la suite du putsch survenu au Mali voisin en septembre 2020. A la suite d’un putsch similaire, la Cedeao avait pris des sanctions essentiellement économiques et sus­pendu le pays de l’organisation.
Ces sanctions avaient été levées à la suite de l’engagement des militaires maliens sur la voie d’une Transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d’élections.
En Guinée, 15 organisations de la Société civile ont produit un mémorandum. Elles proposent que la Transition se fasse dans une période de 18 mois.
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