Fin du parachutage depuis Linguère : Dahra prend son destin en main
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Les maires de Dahra ont souvent été parrainés par les hommes forts du pouvoir à Linguère. Mais cette fois-ci, ce n’est pas le cas avec Samba Ndiobène Ka de Benno bokk yaakaar qui va affronter Idrissa Samb de Yewwi askan wi.Par Badé SECK –
Les élections locales de janvier 2022 seront toutes particulières à Dahra Djoloff, à tous points de vue. En effet, deux candidats à la mairie sont en lice pour la succession de Momar Ndiaye alias «Mao». Il s’agit de Samba Ndiobène Ka, candidat de la coalition Benno Bokk yaakaar (Bby) et de Idrissa Samb, coordonnateur du mouvement Dahra en marche (Dem), par ailleurs inspecteur des impôts et domaines, investi par la coalition Yewwi askan wi. Le moins que l’on puisse dire est que quelle que soit l’issue du scrutin, la commune de Dahra connaîtra sa première alternance générationnelle parce que la compétition mettra aux prises deux jeunes. L’autre aspect et pas des moindres, c’est que, pour la première fois, le parachutage, venant d’habitude de Linguère, n’a pas atterri dans cette commune. Pour la petite histoire, depuis la communalisation en 1990, celui qui dirige les destinées des populations de Dahra est nommé (feu Aly Saleh) ou commandité par la force de la classe politique de Linguère, jadis au sommet de l’Etat.
En clair, et pour l’histoire récente, que ce soit Pape Alioune Sarr, maire de Dahra de 2009 à 2014, ou Momar Ndiaye, de 2014 à 2022, ils ont tous été parrainés respectivement par Habib Sy, alors ministre et directeur de Cabinet du Président Abdoulaye Wade, et Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Industrie et des mines aux dernières élections. Les souvenirs restent vivaces et les scénarii joués dans la salle de délibération et dans le hall de la mairie sont encore gravés dans les murs. «Au début de chaque élection des conseillers municipaux, il était coutume qu’un téléphone sonne. Un ministre qui appelle et une séance est interrompue momentanément, sous le regard impuissant du préfet chargé de présider l’élection. Vous devinez la suite. Le ministre a demandé de soutenir la candidature de X ou Y.», chuchote un conseiller habitué des grandes manœuvres au moment de l’élection du maire. Le tour est joué et le maire est «lu», pour ne pas dire élu. Mais cette fois-ci, le choix du maire se fait au suffrage universel direct. Pour les prochaines élections territoriales, Dahra a son destin entre les mains. Entre Idrissa Samb et Samba Ndiobène Ka, le duel s’annonce palpitant.
bseck@lequotidien.sn