Expliquez nous… Malick Daho, consultant à Canal+ : «Le Duc n’est pas encore largué, il peut revenir»

Mal embarqué dans cette 2e édition de la Basketball Africa League (Bal) avec deux défaites en autant de sorties, le Duc joue gros ce soir (21h) face au Reg du Rwanda. Pour ce match-couperet, le consultant de Canal+, Malick Daho, évalue les chances des «Etudiants» et dresse un bilan à mi-parcours de la Conférence Sahara.Quel est le bilan des deux premières journées de la Conférence Sahara de la Bal qu’on peut tirer ?
Avant de venir ici, je l’avais dit, au regard de la composition des deux Conférences, celle de Dakar allait être très ouverte. Il y a eu pas mal de surprises déjà. On a vu le Duc qui, à domicile, a zéro victoire, deux défaites. On a l’équipe du Reg du Rwanda qui a deux victoires alors que personne ne l’attendait là. Maintenant, il y a des valeurs sûres comme l’Us Monastir qui en est à 2/2, ce qui est plutôt logique. Mais j’avoue que je suis, pour l’instant, un peu déçu par le Duc. A l’image aussi de l’As Salé qui s’est imposée face à Ferroviario, mais qui au niveau du jeu, n’est pas fluide. Il y a quelque chose qui manque. D’ailleurs, le prochain match entre l’As Salé et l’Us Monastir, le derby de l’Afrique du Nord, va nous situer un peu. Mais globalement, on voit de très bonnes choses.
Comment avez-vous trouvé le niveau de jeu des équipes ?
C’est très serré entre les équipes. Cela montre que les clubs travaillent bien, que le recrutement a été bien fait. On a essayé de prendre les joueurs là où on peut les prendre. Il y a aussi le système des Elevate (intégration de 12 jeunes de la Nba Academy au sein de chaque équipe) qui me plaît beaucoup. Encore qu’on ne peut pas obliger un coach à faire entrer un jeune s’il n’a pas envie. Il y a le Slac de la Guinée qui a une victoire pour deux défaites, mais c’est une équipe qui produit du très beau jeu parce qu’elle est très bien coachée. Franchement, il y a de très belles choses qui se passent et que pour l’instant, rien n’est fait. Même le Duc qui a deux défaites, n’est pas encore complètement hors course. Tout reste possible.
Est-ce à dire que seul Monastir, finaliste de la saison inaugurale, semble être au-dessus du lot ?
Tout le monde se vaut. Maintenant, l’équipe de Monastir, ce sont le vécu, le collectif, l’expérience. Mais globalement ça reste très ouvert. Tout le monde peut sortir de cette poule. Et je pense que les deux qui vont rester sur le carreau seront très malheureux.
Et concernant le Duc, comment avez-vous trouvé cette équipe ?
J’ai du mal à cerner cette équipe. On a un 5 qui commence bien le match et un autre 5 qui termine bien le deuxième quart-temps généralement. Là où il y a problème, c’est au retour de la mi-temps. Est-ce qu’il faut continuer avec le 5 titulaire ou est-ce que je fais confiance aux remplaçants pour entamer la deuxième mi-temps. C’est là où il y a quelque chose qui manque. J’espère que Parfait Adjivon va trouver la solution. Mais on a deux 5 et à mon avis, le deuxième 5 n’est pas mal. Maintenant, est-ce que c’est lui qui doit commencer forcément la deuxième mi-temps, ça reste toujours un dilemme. En revanche, je pense que le meneur, Thierno (Ibrahima Niang), qui, pour l’instant, fait un mauvais championnat, devrait laisser les choses venir de façon naturelle. On sent trop qu’il a envie de se mettre en valeur. On sent aussi que Bamba Diallo a envie de faire de cartons à trois points, alors qu’il sait faire autre chose que shooter. Le petit Bassirou Ba, par exemple, qui est très bon, est resté trop longtemps, à un moment donné, sur le banc… Il y a tous ces ajustements à faire. Et je le redis, le Duc n’est pas encore largué. L’équipe peut revenir.
Comment avez-vous trouvé les renforts du Duc, surtout dans le secteur intérieur ?
Le gros problème sur le jeu intérieur, c’est qu’il y a Diakité qui prend de la place, mais les intérieurs sont bons si on leur donne les ballons. Mais quand on a une équipe qui passe 80% de son temps à shooter de l’extérieur, c’est frustrant pour des intérieurs. Aujourd’hui dans le basket, on meurt à trois points, on vit à trois points. Mais je pense qu’en utilisant un peu mieux un joueur comme Diakité, ça peut aider. Il faut varier justement. Mais on sent que cette équipe du Duc insiste un peu trop sur les tirs à trois points. Ce qui me surprend aussi, c’est que culturellement, à l’époque où je jouais contre le Sénégal, c’est un pays qui défend dur. Et là, je vois des choses en défense et je suis surpris. Pour se rassurer quand une équipe est dans le doute, c’est la défense. Il faut se rassurer en défendant dur. Derrière, on a des flèches, des gars qui vont vite. Après ça, on va essayer de trouver des positions de tirs à trois points ou donner le ballon à l’intérieur.
Le coach du Duc a aussi parlé d’un problème de communication, avez-vous senti cela dans le jeu du Duc ?
Oui ! Sur la préparation, je ne peux pas dire grand-chose parce que je ne les ai pas vus. Mais la communication, c’est criard surtout en défense. Les gens ne se parlent pas. Il y a un écran qui vient de la gauche, mais on ne le signale pas. Il y a vraiment beaucoup de choses à faire à ce niveau. Une équipe qui ne communique pas en défense, c’est grave parce que c’est le seul endroit où on a le droit de se crier dessus, de se taper dessus, de même pousser le joueur qui ne fait pas le geste de verrouillage du rebond défensif. Ça aussi, c’est un problème parce qu’on voit des joueurs beaucoup plus petits venir faire des claquettes sur la tête des joueurs sénégalais. Maintenant, il va falloir regarder tout cela sereinement et essayer de rebondir.
Il y a eu quand même un léger mieux lors du second match contre Ferroviario de Beira ?
Bien sûr ! Sur ce match, on a vu Ali Hameed qui a fait un meilleur match que le premier. Même si on a encore un Thierno Niang qui souffre un peu. Il suffit qu’il revienne un tout petit à son meilleur niveau, parce que c’est un très bon joueur, qu’il soit le chef d’orchestre, s’il se retrouve, le Duc pourra se mêler à la course. Tel que c’est parti, ça peut se jouer au goal-average particulier et là on peut avoir d’autres surprises.
Il faudra pour cela gagner le prochain match contre le Reg du Rwanda. Comment s’y prendre pour ne pas commettre les mêmes erreurs ?
Déjà le prochain match contre Monastir risque d’être compliqué. Donc, il va falloir que le Duc ait au moins deux victoires. Et celui contre le Reg du Rwanda ne sera pas facile non plus. C’est une équipe motivée par ses deux victoires et qui se dit qu’on a les Play-offs chez nous à Kigali, pas question de ne pas y prendre part. Ils ont souffert comme Ferroviario, mais ils ont su tenir et mettre le panier au buzzer. Et cette victoire donne des ailes. Le Duc doit cravacher et montrer d’entrée de jeu qu’il joue à domicile. Il faut leur rentrer dedans, imposer sa façon de jouer. Le Duc est une équipe qui court, alors que le coach du Reg a cette habitude de faire stopper les équipes qui courent pour les obliger à jouer 5 contre 5. Et on sent que les joueurs du Duc ne sont pas patients. Donc, il ne faut pas tomber dans ce piège-là. Il faut assurer le rebond, la sortie de balle tout de suite et le jeu rapide, la contre-attaque et la transition.
Comment expliquez-vous le mouvement des joueurs au sein des équipes entre les deux éditions ?
Je pense que c’est le système de la compétition qui veut ça. Si je prends Dieudonné Ndizeye, joueur du Reg du Rwanda, il a commencé les éliminatoires avec le Cobra Sport et il est arrivé avec le Reg cette année. L’année dernière, il jouait pour les Patriots. Donc c’est le système de la compétition qui veut ça. On a Marcus Crawford qui était à Monastir et qui joue cette année pour le Slac de la Guinée. On a Abada qui est parti de l’autre côté. Je pense que c’est difficile pour les coaches parce que les effectifs ne sont pas stables. Donc, ce n’est pas facile pour travailler. Cela veut dire qu’une équipe qui a pris du temps pour travailler deux à trois semaines, va forcément avoir un peu plus de cohésion, un peu plus de basket qu’une équipe qui a une association d’individualités. C’est cela qui me fait un peu peur pour une équipe comme l’As Salé qui, à mon avis, devrait se qualifier, mais si elle est dans la même configuration sur la phase finale à Kigali, ça risque de ne pas bien se passer.