Vernissage de Picasso à Dakar : Un dialogue avec les artistes africains

Par Justin GOMIS
– Picasso est de retour à Dakar. 50 ans après (1972-2022), l’illustre peintre espagnol revient pour la troisième dans la capitale sénégalaise après 1966 lors du Festival mondial des arts nègres, 1972 et 2022. Ce retour est matérialisé hier par le vernissage de ses œuvres au Musée des civilisations noires, organisé par quatre institutions, à savoir le Musée Théodore Monod de l’Ifan, le Musée des civilisations noires, Musée Pablo Picasso de Paris et le Musée Jacques Chirac.
Ce projet international a vu le jour grâce aussi aux institutions et aux autorités sénégalaises et françaises, mais surtout aux commissaires Guillaume de Sardes, Hélène Joubert, El Hadji Malick Ndiaye et Ousseynou Wade qui ont beaucoup œuvré pour la réalisation de ce vernissage.
Pour El Hadji Malick Ndiaye, commissaire de l’exposition Picasso, «Picasso se devait de revenir afin de raffermir le grand héritage qui est celui de l’art africain de dimension universelle et qui a beaucoup influencé le Grand maître espagnol». Selon le directeur du Musée Théodore Monod de l’Ifan, «ce retour est un hommage au dialogue universel, un dialogue entre Picasso et les artistes du continent africain qui, pour la plupart, n’étaient pas anonymes, mais dont on a ignoré l’œuvre. C’est un dialogue à distance entre le Musée dynamique et le Musée des civilisations noires. C’est un dialogue entre les quatre commissaires qui ont organisé cette exposition et les institutions qui l’ont rendue possible», fait-il remarquer.
Ce vernissage, poursuit-il, a une dimension symbolique et une dimension historique. Pour la dimension historique, il ne faut pas oublier que Picasso est venu pour la troisième fois à Dakar parce qu’en 1966, il a offert un tableau à l’association française de soutien au festival qui a mis ce tableau premier prix de la tombola. Parmi les œuvres exposées, il y a des masques et des peintures authentiques de l’artiste. Mais, le peintre en question est monté dans son atelier entouré de ses tableaux d’art. Mais, à côté de ces œuvres authentiques de Pablo Picasso, il y a celles d’autres artistes africains inconnus composés de masques, des images, des sculptures et des revues de journaux Dakar Matin et Le Soleil.
A en croire le commissaire, El Hadji Malick Ndiaye, «c’est un projet qui n’est pas un copier-coller. C’est un projet pensé par rapport à des objectifs fixés par les quatre parties, en l’occurrence visiter Picasso dans sa rencontre avec l’art africain et mûri à la taille et à la mesure de l’espace, à savoir le Musée de civilisations noires. Un événement d’une telle ampleur génère des retombées inestimables, sur le plan de la culture».
Seulement, s’empresse de préciser le directeur du Musée Théodore Monod, «l’investissement dans la culture est un investissement durable, qui se reflète sur le plan humain et qui va rehausser l’image du pays qui fera que des gens viennent de partout, en ce sens que le Sénégal est stable».
Des milliards pour déplacer Picasso
Mais, déplacer Picasso n’est pas une mince affaire, même si les autorités ne veulent pas communiquer sur le montant dégagé pour le vernissage. Ce déplacement a coûté des milliards d’euros, reconnaît El Hadji Malick Ndiaye, qui est d’avis que faire venir ici Picasso «est un signe que l’espace dans lequel vous êtes est un espace à niveau». Heureusement, les autorités, qui ont adhéré à ce projet, n’ont pas lésiné sur les moyens. Elles ont permis cette exposition qui fait de Dakar le point focal de la culture et qui ouvre le pays aux autres.
Le directeur du Mcn, Amadou Bocoum, voit cette exposition comme un rêve réalisé. Et l’ambassadeur de la France au Sénégal comme un legs aux générations futures.
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