Dans le cadre de la lutte contre la mouche des fruits, notamment la mangue, un nouveau produit a été mis au point par l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) et développé par la Direction de la protection des végétaux (Dpv). Les producteurs de mangues sont en train d’être formés sur son utilisation.Par Amadou MBODJI –
Le Sénégal bute toujours sur la réglementation régissant l’exportation des mangues vers l’Union européenne (Ue). Des conteneurs ont été interceptés au niveau des frontières. Cela, à cause de la mouche des fruits. A preuve, durant cette campagne, le Sénégal a reçu plus d’une vingtaine de notifications de non-conformité aux exigences du marché européen, à l’instar d’autres pays de l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). A ce rythme, le marché de l’Union européen risque d’être fermé aux producteurs de mangues sénégalais. Pour éviter que cela puisse se produire, le Sénégal continue de renforcer son dispositif de lutte contre la mouche des fruits. C’est ainsi qu’un nouveau produit «made in Sénégal» a été mis au point par les chercheurs sénégalais, pour lutter contre la mouche des fruits. «La recherche a mis au point un produit made in Sénégal qui est une huile essentielle qui est très efficace contre la mouche des fruits et qui est en phase d’homologation. Il est question de partager ça avec les producteurs pour qu’ils puissent savoir comment l’utiliser au niveau des vergers pour pouvoir prendre en charge le problème des mouches des fruits», a déclaré hier, Hadji Omar Dieng, chef de laboratoire au sein de la Dpv, par ailleurs coordonnateur du Système innovant de lutte et de contrôle des mouches des fruits (Sirymao). Il intervenait lors d’un atelier de formation des producteurs de mangues sur l’utilisation de ce nouveau produit découvert par l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) et développé par la Direction de la protection des végétaux. «Nous avons passé deux années de recherche sur un produit qui est interactive par rapport à la mouche des fruits. Ce produit est issu d’une plante que l’on veut d’abord breveter sur son utilisation sur la mouche des fruits. Il a été testé pendant deux années. Il est prometteur comme attractif. Maintenant, on a associé une technologie qui est venue du Ghana, c’est un type de piège qui a été modifié et qui n’a pas besoin d’utiliser un insecticide. Cela veut dire que l’attractif est naturel et il n’y a pas de produit chimique. C’est un produit de synthèse chimique qui peut être utilisé par le paysan sans danger sur l’environnement, sur la santé humaine par rapport aux autres produits qui sont des insecticides, qui sont même prohibés. C’est une technologie qui nous permet d’attirer la mouche et la tuer», rassure Pr Ousmane Ndiaye, enseignant-chercheur à l’université de Thiès.
«Produit sans danger»
Rappelant les effets néfastes de la mouche des fruits, la cheffe du centre de formation phytosanitaire de la Dpv, gestionnaire de la base de données des mouches des fruits, considère que le Sénégal a battu le record des interceptions cette année. «Si nous ne faisons rien, nous risquons de perdre le marché. Le ministre a bien voulu mobiliser des fonds pour cela, mais avant de lutter, il faut savoir avec qui lutter, où se trouve l’ennemi et comment lutter, et aussi une lutte qui est synchronisée. Si ces producteurs sont formés, ils seront encore des relais parce que des formations, on en a fait tout le temps. Mais cette fois, ça sera différent, du fait que ce sera une lutte qui sera synchronisée», renseigne Mme Diouf Assa Baléra.
La mouche des fruits détruit 50 à 80% des productions fruitières. En 2016, renseignent les acteurs de la filière, les interceptions de mangues aux frontières de l’Union européenne ont provoqué une perte d’environ 9 millions d’euros, soit environ 5 milliards 895 millions de francs Cfa, pour les exportateurs de l’Afrique de l’Ouest, soit plus d’un tiers de la valeur totale des exportations de cette année-là.
ambodji@lequotidien.sn