Stratégie – Création d’un Comité transnational de protection des enfants en mobilité : Le modèle inspirant de Vélingara

Kédougou (Sud-est du pays) et Vélingara (région de Kolda) ont la particularité d’être des départements frontaliers à d’autres pays et que leurs limites territoriales sont toutes poreuses au trafic d’enfants mineurs. Enda jeunesse action, intervenant dans ces 2 localités à travers des projets de protection des enfants en mobilité, a réuni ses partenaires des 2 départements dans un atelier d’échanges, à Vélingara, pour préparer Kédougou à mettre en place un Comité transnational de protection des enfants Sénégal-Mali, bâti sur le modèle du Comité transfrontalier de protection des enfants (Ctpe) qui existe entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.Par Abdoulaye KAMARA
– Enda jeunesse action (Eja-Kédougou) n’entend pas réinventer la roue en matière de création d’une structure transfrontalière en faveur des enfants en déplacement. Voulant créer un Comité transnational de protection des enfants entre le Sénégal et le Mali, Enda jeunesse action-Kédougou est venue apprendre de sa sœur, Enda jeunesse action de Vélingara, qui a déjà mis en place un Comité transfrontalier de protection des enfants (Ctpe) entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, dans le cadre du Projet de lutte contre la migration précoce des enfants. En initiant un atelier d’échanges entre les associations informelles sénégalaises et maliennes, et les membres du Ctpe de Vélingara qui regroupe Sénégalais et Bissau-Guinéens. L’atelier a eu lieu lundi passé dans un réceptif hôtelier de Kounkané, département de Vélingara. «Dans le cadre du projet de Mobilité protégée, nous avons fait le constat qu’à Kédougou, les frontières sont poreuses au mouvement des enfants, souvent sans aucune garantie sécuritaire. Ces enfants sont le plus souvent victimes d’exploitation dans les mines d’or, les sites d’orpaillage ou utilisés comme objets sexuels», souligne Aiou Badara Diallo, chargé des projets d’Eja-Kédougou. Il ajoute : «Il y a effectivement de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et le Mali, plusieurs associations créées aux fins de protéger les enfants en mouvement, mais sans aucune formalisation. C’est pourquoi nous avons pris l’initiative de cet atelier pour échanger sur les bonnes pratiques en matière de création, d’organisation et de fonctionnement d’un comité transnational, et puis en relever les contraintes pour apprendre des difficultés et les anticiper.»
Les échanges et les questions de clarification soulevées entre Bissau-Guinéens, Maliens et Sénégalais ont permis aux hôtes du Ctpe de Vélingara de comprendre le processus de création d’une structure transfrontalière, son mode de fonctionnement et d’organisation, et les probables difficultés à affronter. Au terme de la rencontre, Aliou Badara Diallo n’a pas caché sa satisfaction : «Nous avons eu des satisfactions par rapport aux informations fournies sur tout le processus et le mode d’organisation des comités. Nous avons reçu des conseils par rapport aux écueils à affronter. Nous retournons avec une idée précise de ce que nous devrons faire, mais tout en croyant qu’il nous faudra adapter le modèle de Vélingara au contexte de Kédougou et du Mali.»
Si au niveau de Kédougou, les enfants traversent les frontières pour se rendre aux sites d’orpaillage, à Vélingara, ce mouvement concerne des enfants talibés qui suivent des maîtres en enseignement du Coran ou pour travailler dans les champs comme ouvriers saisonniers. A rappeler qu’Enda jeunesse action-Kédougou, déroule dans le département de Saraya, un projet dénommé «Mobilité protégée», qui a eu l’appui financier et technique d’Ecpat France/Luxembourg et de l’Agence française de développement (Afd). Il vise à apporter une réponse à la migration des filles et des garçons à risque de traite et d’exploitation sexuelle en Afrique de l’Ouest. Pour atteindre ses objectifs déclarés de lutter contre le mouvement des enfants en âge de scolarisation, le projet a pensé à initier des solutions communautaires impliquant des organisations communautaires de part et d’autre de la frontière pour, éventuellement, «prendre les mesures nécessaires pour prévenir, détecter et prendre en charge les risques liés à la mobilité des enfants, cartographier les zones d’origine, les itinéraires des trafiquants, les auteurs et complices qui menacent la sécurité des enfants, développer le partenariat avec les administrations, les organisations de la Société civile, les partenaires techniques et financiers, mettre en œuvre des plans d’actions de sensibilisation pour la protection des enfants en mobilité…» Ce sont, du moins, les objectifs que s’était fixés le Ctpe de Vélingara.
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