ITW – Candidat à la Présidentielle : Serigne Gueye Diop SEME ses idées

Candidat à la candidature pour la Présidentielle de 2024, Dr Serigne Guèye, Diop, maire de Sandiara, dit avoir bâti un programme testé et éprouvé dans sa commune, contrairement à tous les autres candidats à la candidature. L’ancien ministre-conseiller en agriculture et industrie du Président Macky Sall milite pour une politique industrielle, de réformes du système éducatif, de gouvernance… Dans cet entretien qu’il a accordé au journal Le Quotidien, le docteur en biochimie, en chimie, en science alimentaire, ingénieur industrie alimentaire, ingénieur agronome…, dévoile son rêve avec le mouvement Sénégal en mouvement vers l’émergence (Seme).Pourquoi êtes-vous candidat, alors que Benno bokk yaakaar en a déjà un ?
J’ai quitté tout ce qui est Bby, Apr. J’ai démissionné de tous mes postes. J’étais venu au Sénégal pour participer au redressement de l’économie, au redressement de la situation sociale, d’abord dans ma commune de Sandiara. J’ai fait toute ma carrière humanitaire à Sandiara en 2002, en commençant par construire ce qui me paraissait être le plus important, le Lycée de Sandiara que j’avais offert en 2012, à l’Etat sénégalais. Un lycée d’une valeur de 850 millions de francs Cfa, par lequel sont passés 10 mille élèves et qui a produit 3 mille bacheliers. C’était une façon de contribuer au développement du pays. Je suis avant tout quelqu’un de l’humanitaire.
Quand je suis rentré au Sénégal, les populations m’ont demandé d’être le maire de Sandiara. Et quand je suis devenu maire, j’ai eu également, tout de suite, un plan de développement économique et social qui consistait à sortir la commune de la pauvreté, tout en ayant aussi des activités pour appuyer les initiatives de santé au niveau de l’Etat. Je me suis rendu compte à mon retour au Sénégal, que la pauvreté avait pour causes le manque d’accès à l’emploi, le manque d’opportunités pour les jeunes et les femmes, le manque d’éducation… C’est à partir de ce moment-là que j’ai décidé de mettre en place un plan de développement en 12 projets, surtout économiques. C’est cela qui m’a permis de commencer d’abord par l’industrie, parce que c’est le premier besoin de l’Afrique, et je l’ai expérimentée à Sandiara. Aujourd’hui, nous avons un total de 32 usines inscrites à Sandiara sur une zone économique de plus de 130 ha. Nous avons sur ces 32 usines, 16 qui sont aujourd’hui construites, 8 qui vont être construites dans les deux prochaines années, et cela a créé environ 5 mille emplois, 3 mille dans les agropoles et 2 mille dans les usines. Les instruments de type autoroute, pistes n’apportent pas de la croissance. C’est un facilitateur de croissance. Les éléments qui apportent de la croissance, ce sont les instruments directs industriels, qui créent tout de suite mille, 2 mille, 20 mille emplois, et les instruments de type agrobusiness, qui créent mille, 2 mille, 3 mille emplois, et les investissements dans le domaine tertiaire. C’est ce que j’ai compris. Et en tant qu’ancien patron de l’industrie, j’ai tout de suite amené environ 65 milliards de francs Cfa d’investissement privé dans la zone économique de Sandiara, qui ont tout de suite créé ce volume de travail qui est aujourd’hui de 5 mille emplois, et qui va en réalité arriver à 10 mille emplois dans les 5, 10 ans à venir. Je crois que c’est ça qu’il faut faire sur l’ensemble du territoire.
Vous étiez conseiller du Président Macky Sall en industrie et agriculture, est-ce que vous aviez essayé de convaincre le chef de l’Etat afin que ces initiatives que vous avez réussies à Sandiara, soient multipliées à travers le Sénégal ?
Oui, mais vous savez, le conseiller, il a pour objectif de donner des avis à la personne qui décide à partir de ses propres connaissances et stratégies. Tout ce que j’ai fait à Sandiara, je l’ai conseillé au niveau du gouvernement. Mais malheureusement, vous ne pouvez que donner un conseil. C’est la personne à qui vous donnez le conseil qui est responsable de son adoption, de son exécution. C’est là que cela n’a pas du tout marché, parce qu’on aurait pu développer ce pays sur le plan industriel. Je pense que si on m’avait suivi, on n’en serait plus là. Par contre, ce n’est pas grave du tout. Tout ce que je savais sur le plan économique, industriel, agricole, j’ai essayé de le faire à Sandiara, et ça a donné les résultats que nous avons.
Maintenant, c’est cela que je veux faire au niveau national. Il faut maintenant dépasser cette phase-là. Si j’ai les rênes du Sénégal, je sais exactement ce qu’il faut faire, parce je l’ai expérimenté à Sandiara. J’ai réussi à presque lutter contre le chômage, j’ai réussi à augmenter le revenu des populations, à les rendre totalement autonomes, voire même riches. Et c’est ça mon rêve, arriver à le faire au niveau de l’ensemble des 557 communes que compte le Sénégal. Et je sais exactement comment le faire.
Donc, vous comptez vous appuyez sur vos réalisations à Sandiara pour convaincre les Sénégalais de vous faire confiance en 2024 ?
Absolument. En réalité, je suis un chercheur. Quand vous faites de la recherche, vous avez des méthodes de recherche, et l’une de ces méthodes, c’est le diagnostic pour voir quelles sont les causes des phénomènes que vous observez. L’autre méthode, qui est bien connue, c’est le développement du prototype. Quand vous fabriquez une voiture, un produit alimentaire, vous faites d’abord un prototype que vous essayez de maîtriser, de goûter, de voir la couleur, l’odeur. C’est comme ça qu’on fait la recherche, jusqu’à ce qu’une fois le prototype accompli, acceptable, c’est là que vous passez à la fabrication à grande échelle, fabrication industrielle. En fait, j’ai la même méthode en politique. En politique, tous ces candidats qui vous disent qu’ils veulent être Président, la première question qu’il faut leur poser est quel est votre programme ? Souvent, ils n’ont pas de programme bien ficelé. La deuxième question, c’est est-ce que votre programme vous l’avez déjà expérimenté quelque part ? Là, la réponse, c’est non. Je crois qu’en dehors de nous, vous ne verrez aucun des candidats qui a déjà expérimenté sa politique industrielle. Souvent, il n’y a pas d’usines dans le Sénégal. Sa politique agrobusiness, sa politique de port sec tertiaire, sa politique secondaire, parce qu’ils ne l’ont jamais fait. Et c’est là notre force. Ce que je vais faire au Sénégal, c’est ce que j’ai fait à Sandiara. Quand on fait le diagnostic du Sénégal, on se rend compte que le pays est pauvre, parce qu’il n’est pas du tout industrialisé. Le Sénégal est pauvre parce qu’on ne travaille pas assez sur le plan agricole. Le Sénégal est pauvre parce que les jeunes ne sont pas formés avec des métiers solides, les métiers techniques. Tout le monde va à l’université et à la fin de l’université, il n’y a pas de travail. C’est pour cela que, dans mon programme, le premier aspect, c’est de créer 557 usines, dans chaque commune du Sénégal.
Dans toutes les communes du Sénégal, il y aura une usine au moins comme à l’image de ce que je fais à Sandiara. Dans certaines communes, il y en aura cinq ou dix, tout dépendra de la réponse quedes investisseurs nationaux, internationaux vont apporter. Mais c’est l’appel que je vais faire, 557 usines et 557 agropoles sur l’ensemble du pays. On nous parle d’agropoles de l’Est, de l’Ouest, mais cela ne suffit pas. Les agropoles, on doit en construire dans chaque commune pour travailler et créer 2 millions d’emplois. J’ai déjà fait le calcul.
Dès que vous ferez 557 usines et 557 agropoles dans les communes, mais aussi 557 lycées professionnels, parce que le système éducatif est totalement à réformer, c’est un système qui forme des chômeurs en Master 2… En réalité, il y a inadéquation entre la formation et les besoins du marché. L’autre chose qu’il faut faire, c’est également construire à côté de ces zones industrielles, des zones artisanales. L’artisanat, c’est très important pour le pays. Et dans le même secteur économique, il faudrait avoir un programme assez ambitieux pour le transport maritime, le transport ferroviaire, le transport fluvial, mais aussi pour le transport autoroutier. Mon programme économique va créer à lui seul 2 millions d’emplois dans les 10 ans à venir.
Avez-vous évalué les financements nécessaires pour mettre en œuvre ce programme ? Si oui, ils s’élèvent à combien ?
Le programme va coûter 20 mille milliards pour le secteur public et le secteur privé. Contrairement au programme existant, ce n’est pas un programme qui va être porté par le secteur public seulement, parce qu’en réalité, le bon exemple c’est Sandiara. A Sandiara, il n’y a pas un seul franc de l’Etat, du secteur public dans le développement des Ide qu’on a fait venir. Ma force, c’est que je viens du monde international et de la finance internationale et de l’industrie internationale. Cela veut dire que si je lance un appel aujourd’hui, en tant que président de la République du Sénégal, au secteur privé national, au secteur privé international, en leur disant que nous avons une révolution industrielle à faire au Sénégal et que nous allons donc prendre des mesures incitatives pour réformer tout le système fiscal et douanier pour avoir un investissement massif sur les 10 prochaines années, construire un millier d’usines sur l’ensemble du territoire, construire un millier d’agropoles sur l’ensemble du territoire, ils vont me répondre favorablement. Le rôle de l’Etat sera de faciliter la mise à disposition des terres. Il va falloir prendre des décrets en rapport avec l’ensemble des maires du Sénégal, sur lesquels nous devons aussi prendre beaucoup de réformes pour avoir des espaces dédiés à l’industrie dans chaque commune, d’espace dédiés à l’agriculture, à l’artisanat, aux lycées scientifiques dans chaque commune, et ce sont des espaces que l’Etat devra titraliser et mettre à la disposition des communes pour qu’elles puissent accueillir ces entreprises et créer des emplois. Donc c’est très stratégique. Ces 20 mille milliards de francs Cfa vont être en partie portés par le secteur privé national, le secteur privé international et aussi par l’Etat qui, lui, va jouer son rôle en tant qu’Etat. Alors comment on va faire pour le financer, d’abord l’argent du pétrole va être revu, les revenus de l’Etat sur le pétrole et le gaz devront être renégociés. Il me semble que les parts de l’Etat sont encore insuffisantes, ce sont des ressources naturelles.
Deuxième chose, c’est que nous avons perdu beaucoup de revenus dans l’exploitation du phosphate, du zircon, de l’or. Il va falloir renégocier les contrats relatifs à l’exploitation de ces minerais. Une partie va venir de l’Etat, peut-être 10%, 20% de ces investissements qui vont faciliter les choses, mais l’essentiel va venir du secteur public national, qui sera financé à partir du consortium des banques. J’ai l’intention de regrouper toutes les cinq banques publiques sénégalaises, notamment le Crédit agricole, la Bnde, le Fonsis, le Fongip et la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Ce consortium est la solution que le Sénégal attend, et que l’Etat devra soutenir, en prenant une bonne partie des recettes du pétrole pour financer ces banques, pour qu’elles financent, à leur tour, l’économie à des taux d’intérêt très bas, compris entre 2 et 4%. Ce sont les réponses que le monde industriel attend pour «compétir» avec tous les investissements étrangers. C’est là qu’il faut mettre des fonds, parce qu’on voit les limites des structures qu’on a mises en place comme la Der/fj… Donc, il va falloir réformer tout cela.
Des jeunes quittent le Sénégal clandestinement. Que comptez-vous faire pour arrêter cette vague de départs ?
Ça me fait vraiment pleurer. C’est l’un des rares moments où je me dis que les hommes politiques ont échoué. On a failli quelque part à notre mission de politique qui est de redonner espoir au peuple, à la jeunesse et à leurs familles. Je l’ai résolu à Sandiara. Le plus grand échec que nous pouvons constater, c’est que des pans entiers de notre jeunesse quittent le pays pour aller presque se suicider au Nicaragua, en Libye ou sur la Méditerranée. Ça nous interpelle tous en tant qu’hommes politiques. Il faut prendre des mesures urgentes. La raison essentielle est la pauvreté, le chômage, le désespoir. Il n’y a que des programmes de créations d’emplois qui peuvent permettre à ces jeunes d’espérer un avenir chez eux. Il faut avoir des programmes dans le sens retour de la diaspora, il faut un fonds pour les aider à revenir chez eux et créer des emplois. La diaspora a 3 qualités importantes : ils ont un savoir-faire dans les plus grandes sociétés mondiales, un réseau de connexion professionnel important et des revenus qui leur permettent de lever des fonds.
Tout ce que vous venez d’évoquer, le régime actuel a essayé de le mettre en œuvre. Selon vous, pourquoi cela n’a pas marché ?
Quand vous voulez développer l’industrie, il faut confier cela à un ingénieur industriel. C’est la même chose pour l’agriculture. C’est comme si vous voulez piloter un avion et vous mettez un chauffeur de bus, ça ne marchera jamais. C’est en réalité la faiblesse de ces politiques. Vous pouvez avoir des idées, mais si vous ne mettez pas les bonnes personnes à la bonne place, le système ne marchera pas, parce que le savoir, c’est la lumière qui illumine le chemin du marcheur. C’est là que notre gouvernement a failli. Les postes et nominations étaient beaucoup plus politiques que professionnels, alors qu’il fallait combiner les deux ou dire que certains postes ne seront occupés que par les professionnels.
Mais vous serez comptable de ce bilan ?
Pas du tout ! Ma mission était de conseiller. Je suis maire de Sandiara. Je serai comptable de ce que j’ai fait dans ma commune. Je suis comptable des 16 usines que j’ai apportées. Le conseil est juste un avis, pas une décision. Dès que j’ai su que mes conseils ne servaient pas à grand-chose, je me suis concentré sur ce que je sais faire, c’est-à-dire le travail, l’industrie, la formation des jeunes. J’ai commencé à voyager dans le monde pour chercher des partenaires, à amener les Ong comme le Mercy Ships, pour contribuer à la chirurgie gratuite. J’ai commencé à rencontrer des maires, des jeunes, pour leur faire visiter Sandiara, à signer des jumelages. Voilà la raison qui m’a poussé à quitter dès que je me suis rendu compte qu’il était temps. Les conseils pour développer le Sénégal, il n’y a que moi qui puisse les mettre en œuvre dans l’ensemble du territoire. Mon programme est simple. Il a un volet social, économique et gouvernance. Dans le volet économique, je vous ai parlé de la révolution industrielle et du plan Sénégal vert. Il y a la réforme de l’université et de l’enseignement en orientant 50% des jeunes vers la formation professionnelle et les sciences. Faire un hôpital dans chaque commune du Sénégal avec un médecin à la tête et des cartes d’assurance maladie pour tout le pays. J’ai l’intention de lutter farouchement contre la corruption, le détournement de deniers publics. Je vais encourager l’Armée pour tous à l’âge de 18 ans. Que l’Armée soit dotée de moyens pour enseigner des métiers. L’autre réforme qui me tient à cœur, c’est la réforme des communes. Les communes se partagent l’équivalent de 54 milliards de francs Cfa pour 557 communes. Dans des pays comme l’Allemagne ou la Suisse, les communes ont entre 30 et 35% du budget. Les compétences leur sont transférées, à l’exception de la diplomatie. La réforme vise à donner 10% du budget aux communes, c’est-à-dire 700 milliards en 2024. Et 1700 en 2027 ou 2028. Il n’y a aucune raison que la commune que je dirige ne puisse faire le travail de l’Etat au niveau local. Je sais construire des écoles, des zones industrielles. On doit faire confiance aux maires. Qui ont les mêmes qualifications que les ministres. Il n’y a pas de raison que l’Etat garde toutes les ressources.
Quelle lecture faites-vous du dernier remaniement du gouvernement ?
C’est un non-événement, je pense que c’est encore un coup politique qui est maladroit, qui ne fait que diviser davantage les Sénégalais et qui montre que c’est la politique qui prime. Aujourd’hui, toutes les mesures devraient tendre à freiner l’émigration. Quand vous gardez les mêmes ministres, il n’y aura aucun changement. En science, les mêmes causes produisent les mêmes effets. La période électorale ne correspond à aucune activité professionnelle au niveau des ministères, personne ne va plus travailler. C’est de bonne guerre, c’est un réaménagement purement électoral.
Etes-vous avec d’autres leaders dans votre mouvement Sénégal en mouvement vers l’émergence (Seme) ?
J’ai créé le concept il y a deux ou trois mois, et nous sommes aujourd’hui sur l’ensemble du territoire. Nous avons beaucoup de partis, une dizaine avec lesquels nous travaillons. Nous voulons réunir des Sénégalais propres, respectés de par leur valeur cardinale, de par leur capacité à impulser le développement du Sénégal. Nous avons besoin de faire en sorte que nous ayons une équipe de politiques sur la base d’un programme minimum qui nous rassemble tous. Un programme que tous les Sénégalais vont accepter, un programme qui va résoudre les vraies questions stratégiques, une position commune par rapport aux ressources naturelles, par rapport aux priorités nationales. Ce qui me plaît beaucoup, c’est l’adoption de mon programme à travers le pays. On est sur l’ensemble du territoire, à moins de 3 ans d’existence. L’ensemble des partis avec lesquels nous travaillons, sont sur l’ensemble du territoire. Je peux vous dire que le prochain président de la République sera une surprise, parce qu’on fait face à deux situations : vous avez le parti au pouvoir avec le Pprésident Macky Sall, qui est éclaté en mille morceaux. Cela veut dire que le syndrome du Pds de 2010, c’est la même chose avec le départ des grands ténors. Amadou Ba ne peut pas conduire à la victoire avec le départ de Aly Ngouille Ndiaye et les autres. Ce n’est pas possible, parce qu’il y a un problème de crédibilité, de détresse au niveau des jeunes, une colère qui couve du côté de l’autre candidat Ousmane Sonko. A partir du moment où ni Sonko ni le Président Macky Sall ne partent pas, les jeux sont très ouverts.