Palais de justice – Cérémonie de prestation de serment d’huissiers stagiaires : L’importance de garder le secret professionnel

Lors de la prestation de serment de 15 nouveaux huissiers stagiaires, il a été question de l’importance de cet acte et de savoir garder le secret professionnel. Par Justin GOMIS –
La famille des huissiers de Justice s’agrandit : hier, 15 huissiers stagiaires ont prêté serment devant la Cour d’appel de Dakar. Une occasion saisie par les autorités judiciaires pour leur rappeler les règles qui gouvernent leur métier et le sens du serment qui précède son exercice. «A l’instar des magistrats, le serment que vous allez prêter, vous engagera et vous obligera toute la vie, en raison de sa dimension quasi sacrémentale. Il constitue l’option républicaine qui vous confère une compétence qui, dans le langage, signifie la capacité d’agir, et ceci en toute logique», indique d’emblée le représentant du Parquet général. D’après l’Avocat général près la Cour d’appel de Dakar, «la prestation constitue un engagement, une formalité obligatoire préalable à l’exercice légal de cette fonction». A l’en croire, «les huissiers ne s’engagent pas à la légère» en prêtant serment.
Pourquoi ? «En ce sens que violer le serment amène à faire un parjure», dit l’Avocat général. «Les huissiers stagiaires s’inscrivent de manière solennelle dans la lignée des hommes et femmes qui respectent la parole donnée», note-t-il en insistant sur l’importance de la prestation de serment. Un acte que le représentant du bâtonnier de l’Ordre des avocats trouve très important, au regard des secrets que ces huissiers peuvent détenir dans l’exercice de leur fonction. «Les secrets que nous recevons dans notre fonction, c’est quelque chose qu’on nous confie, mais qui ne nous appartient pas.
Donc je n’ai pas le droit de les partager», a-t-il signifie aux stagiaires. Selon Me Ibrahima Ndiéguène, «le secret professionnel doit être gardé jusqu’à la fin. Pas dans l’exercice de la fonction, mais jusqu’à la fin de la vie». Son importance est capitale. Il explique la portée de cet acte : «Celui qui prête serment doit se dire que ce que j’ai appris dans l’exercice de mes fonctions restera gardé jusqu’à sous terre.» De l’avis du Secrétaire général de l’Ordre national des avocats, les huissiers stagiaires doivent être conscients «que les actes qu’ils posent en exerçant leur fonction ne relevant pas seulement de leur bonne volonté, mais de l’application de la loi».
Engagement à perpétuité
Abondant dans le même sens, le président de l’Ordre des huissiers a tenu à rappeler que le serment est une promesse faite en invoquant Dieu. «Ce serment vous invite à garder scrupuleusement le secret professionnel et à vous conduire comme un digne et loyal huissier de Justice stagiaire.
Durant votre stage, vous serez détenteurs de beaucoup de secrets que vous devez savoir à tout moment qu’il s’agit de secrets professionnels, que vous ne devez jamais divulguer, si ce n’est à but de Droit», a fait savoir à son tour Adama Dia. Il rappelle à l’intention des stagiaires, des actes simples à respecter. Mais, ils sont pleins d’importance : «Chacun est garant de ses propres lois, tout comme chaque professionnel est garant de sa propre profession. Vous devez cultiver la probité. Vous devez vous faire respecter par la culture des valeurs intrinsèques que toute personne vivant en société est censée incarner dans son comportement individuel de tous les jours (l’honnêteté, la probité et le respect).»
En tout cas, pour Me Ibrahima Ndiéguène, le serment est important pour l’huissier de Justice. «C’est le seul acteur à qui la loi donne la possibilité de venir pénétrer chez vous, de saisir votre bien, de vous priver d’un précieux bien, de vous priver de votre quiétude. Il ne le fait pas de son bon vouloir, mais parce qu’il exécute une décision de Justice. Doté d’une telle puissance, il est nécessaire qu’il prête serment afin d’être encadré», dit Me Ndiéguène.
En tout cas, ces mises en garde ne semblent pas tomber dans l’oreille d’un sourd. «C’est une charge en vue des énormes responsabilités qui nous incombent. Nous espérons que nous allons pratiquer une profession qui va impacter la vie des gens et leur patrimoine», a promis El Hadji Malick Gningue, qui a parlé au nom des stagiaires. Après ce stage de deux mois, ils reviendront encore devant la Cour d’appel pour prêter serment avant d’entamer leur carrière.
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