Les consuméristes baissent la joie de l’Etat
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La baisse annoncée des denrées de première nécessité ne pourrait pas intervenir avant la Tabaski. Et elle n’aurait pas non plus l’ampleur annoncée à grand bruit par les autorités. L’un des plus célèbres dirigeants consuméristes du Sénégal, Momar Ndao, a décrété qu’il n’y avait, à ce jour, qu’un effet d’annonce.Par Mohamed GUEYE –
L’annonce de la baisse des denrées de première nécessité n’a pas encore fini de provoquer des remous. L’un des rares acteurs qui a accepté de se prononcer sur la question, Momar Ndao, président de l’Ascosen, se félicite de l’annonce de la révision des prix de certaines denrées, mais se pose la question de savoir où est la part de l’effet d’annonce. Pour lui, en dehors de l’information rendue publique, rien n’a encore été fait sur le plan concret. Il indique qu’à leur niveau, les associations consuméristes sont contentes. Néanmoins, il estime que, dans le cas d’espèce, «l’Etat a mis la charrue avant les bœufs». Le président de l’Ascosen souligne : «Aucune baisse des prix des produits homologués ne peut se faire sans l’avis du Conseil national de la consommation (Cnc). Ce sont des dispositions de l’art 249 de la loi sur les prix et la protection des consommateurs.»
Partant de ce fait, M. Ndao a indiqué hier qu’à date, il n’y avait pas de rencontre du Cnc, «et donc, il n’y a pas encore d’arrêté. Et sans arrêté, il ne peut y avoir de prix que l’on pourrait imposer à qui que ce soit».
Le gouvernement, en sortant ces annonces, a indiqué que le Conseil national de la consommation allait se retrouver d’ici la semaine prochaine, «après la Tabaski». Une manière de faire comprendre à l’opinion que la réduction des prix tant attendue et proclamée à cor et à cri, ne verra le jour, au mieux, qu’après les célébrations de la Fête du mouton. Célébrations dont beaucoup de responsables de familles ne s’attendent pas à ce qu’elles soient fastes. Au regard de la modicité des baisses annoncées sur le pain, le sucre, le riz non parfumé ou l’huile, de manière pratique, les baisses des prix ne pourraient intervenir qu’à la suite de la réunion du Cnc, «dans laquelle les différents acteurs sont conviés, à savoir les consommateurs, les commerçants et l’Administration».
Fort de sa longue pratique, Momar Ndao ajoutera qu’«à la suite de cette réunion, le Cnc va donner son avis sur les prix proposés. Il y aura d’abord les réunions des conseils régionaux de la consommation». «Ces Crc vont définir les prix dans chaque région. Car dans les régions, il n’y a pas de différentiel de transport.» Une fois que ces différents conseils de la consommation auront donné leurs avis, le tout sera soumis au ministre en charge du Commerce. Ce dernier pourra alors publier des arrêtés, en tenant compte des réalités locales et régionales. Pour compenser la faible variété des produits affectés par les hausses, le leader de l’Ascosen révèle : «Aujourd’hui, l’Etat s’est focalisé sur quelques produits homologués. Et nous, nous avons demandé en 2022 que le décret 2022/89 du 27 janvier 2022 soit révisé. Car c’est ce décret qui décide quels sont les produits qui sont administrés et ceux qui ne le sont pas. Imaginez si les prix du café, du thon, de la viande, du poisson… sont libres et soumis à la spéculation et à la liberté des prix, qu’est-ce que cela va entraîner ? Les prix de certains produits dits libres, parce que non administrés, peuvent subir la spéculation…
mgueye@lequotidien.sn