Sunu Reew – Ousmane Sonko à Mansour Faye : «Nous connaissons les problèmes essentiels de Saint-Louis»

Venu présider la 2ème édition de la journée de nettoiement «Setal sunu reew» à Saint-Louis, Ousmane Sonko a implicitement répondu à Mansour Faye, qui l’avait interpellé par presse interposée sur les problèmes de sa commune. «Nous n’avons pas besoin qu’on nous remette un mémorandum ou qu’on nous interpelle sur les problèmes de Saint-Louis. Nous connaissons les problèmes essentiels de Saint-Louis», a lâché le Pm, qui faisait le point sur l’activité de nettoiement de la Vieille ville. Par Cheikh NDIONGUE –
Le Président Faye absent, le Premier ministre Sonko a pris toute la lumière lors de la deuxième journée de l’opération Setal sunu reew organisée ce samedi à Saint-Louis, confrontée à des problèmes conjoncturels comme l’assainissement et structurels comme l’avancée de la mer dans un contexte de changement climatique. Ce qui accentue la vulnérabilité de la Vieille ville. «Nous connaissons très bien les problèmes essentiels de Saint-Louis, nous n’avons pas besoin qu’on nous interpelle ou qu’on nous remette un mémorandum. Saint-Louis nous intéresse, comme d’ailleurs toutes les autres localités du Sénégal. Nous allons axer notre politique sur une véritable maîtrise des problématiques de développement, des problématiques citoyennes, sociales pour pouvoir y apporter des réponses», déclare sèchement Ousmane Sonko. Pour preuve, il explique : «L’un des problèmes de Saint-Louis est l’avancée de la mer, un problème qu’elle partage avec tous les villes, villages et hameaux côtiers. Nous sommes confrontés aux effets du réchauffement climatique avec la remontée des eaux, la fonte des glaces, qui impactent tous les sites côtiers du monde et plus particulièrement l’Afrique.»
Il assure que les plages avancent de 4 à 6 m par an au niveau du littoral sénégalais où les effets sont sentis depuis quelques années avec des maisons abandonnées. Sonko admet l’impact réel du réchauffement climatique sur Saint-Louis. Mais, cela demande des solutions difficiles et très coûteuses. Il souligne avoir dénombré 6 programmes dont quatre financés par la Banque mondiale, un par l’Agence française de développement et un autre par l’Union européenne. Evidemment, il ne faut pas oublier la contribution de l’Etat du Sénégal. Il a d’ailleurs fait savoir à ce propos qu’une étude est en cours de la part de l’Agence municipale de développement (Amd) et du ministère de l’Environnement pour faire l’évaluation de tous ces programmes.
A Saint-Louis, il y a surtout le problème de la brèche ouverte en 2003 pour répondre aux risques d’inondations, mais qui a malheureusement eu des effets secondaires néfastes sur l’activité de pêche en atteignant plus de 6 km de largeur. Elle se déplace vers le sud et est devenue un problème en engloutissant des villages entiers. Expliquant qu’il est difficile pour l’Etat de freiner la brèche, le Pm fait savoir que «des solutions sont envisagées pour d’abord accompagner les populations, mais aussi voir comment anticiper sur l’ensablement et les digues afin de freiner les effets secondaires».
Dans la même dynamique, il a évoqué l’activité de pêche dans le littoral sénégalais. «La pêche, qui est une activité noble et importante pour le pays, fait travailler plus de 700 mille acteurs sénégalais et fait vivre des millions de personnes. Nous venons d’arriver, des solutions provisoires ont été élaborées, notamment la discussion avec les autorités mauritaniennes avec le renouvellement et la revue à la hausse du quota de licences accordées aux pêcheurs saint-louisiens», avance le Pm. Bien sûr, il est revenu sur les accords de pêche. Et son discours n’a pas changé. «Ils ont permis à des étrangers de prélever de manière sauvage, sans respect des normes, sans débarquer sur nos côtes. Ils sont en cours d’être réexaminés et revus dans le sens de permettre d’abord à l’exploitation locale de pouvoir tirer le meilleur profit de nos ressources halieutiques. La ministre de la Pêche est à pied d’œuvre pour que notre pays puisse s’approprier totalement nos espaces maritimes dans le sens de faire vivre l’activité de pêche, mais également rendre le poisson accessible aux Sénégalais.» Il ajoute : «Nous prendrons toutes les dispositions pour que l’exploitation des ressources gazières au large des côtes Saint-Louisiennes et celles pétrolières à Sangomar ne puissent pas avoir d’impact sur l’activité de la pêche. Nous n’allons pas sacrifier nos secteurs d’activités principales au profit du gaz ou du pétrole. Ce serait une grossière erreur et une irresponsabilité de sacrifier des activités principales telles que la pêche, l’agriculture et l’élevage au profit d’une autre activité fossile. Quelle que soit la quantité de gaz et de pétrole qu’on a, ce sera exploité et ça va s’épuiser tôt ou tard. Il est important pour nous que la pêche reste ce qu’elle est et qu’elle soit plus forte. Ma conviction est qu’on doit beaucoup plus tirer d’une bonne exploitation de pêche que même du gaz et du pétrole.»
Pour une pérennisation des activités de nettoiement
Lors de cette journée de nettoiement, le Premier ministre s’est rendu tour à tour à la plage de la chaumière à Guet-Ndar, aux quartiers de Pikine et Guinaw Rails, et à l’université Gaston Berger de Saint-Louis pour constater les activités de l’initiative Setal sunu reew, mais aussi écouter les services techniques et les populations. Ousmane Sonko a invité les citoyens à pérenniser les activités. «Le vrai problème que nous avons au Sénégal, c’est de maintenir la cadence quand il s’agit de faire des choses utiles. Il est important que chaque Sénégalais puisse sacrifier quelques heures de son temps le mois pour se consacrer à son propre cadre de vie. Il ne s’agit pas de venir prendre une journée et faire l’activité physique, mais il faut une véritable éducation au comportement et un véritable maintien du cadre de vie.»
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