Les camarades de Mansour Faye au sein de l’Alliance pour la République ont dénoncé, avec la dernière énergie, l’interdiction de sortie du territoire à l’ancien ministre Mansour Faye par les nouvelles autorités. S’apprêtant à quitter avant hier le Sénégal pour se rendre à Djeddah, le beau-frère du Président Sall n’a pu le faire à cause de la décision jugée «arbitraire» par ses camarades. Ces derniers disent qu’il est temps pour eux de «faire face» à ce régime «dictatorial».Par Amadou MBODJI –

 L’interdiction de sortie du territoire opposée à Mansour Faye met dans tous leurs états les camarades de l’ancien ministre au sein de l’Alliance pour la République (Apr). Si le concerné n’a pas pris la parole, ce sont ses camarades de l’Apr qui ont dénoncé le sort qui lui a été réservé, lors d’une conférence de presse hier. Ils ont tenu à dénoncer cette décision considérée comme «une atteinte à ses droits de citoyen libre, seul maître de ses mouvements dans le strict respect des lois et règlements en vigueur dans notre pays».

Une décision qualifiée de «violent abus, une négation des principes et valeurs qui fondent notre Etat de Droit et notre République». Dans la même veine, l’Alliance pour la République interpelle les ministres de l’Intérieur et de la Justice «sur cet acte illégal».

«Il ne s’agit nullement d’une première. Mais, bien d’une récidive anti-démocratique, expressive d’une très grave et très inquiétante dérive dictatoriale», soutient Samba Ndong en faisant allusion aux autres membres de l’ancien régime qui avaient été frappés par cette mesure après que le nouveau régime s’est installé.

«Déjà, certains anciens ministres, d’anciens directeurs généraux et des hommes d’affaires supposés proches du pouvoir sortant ont été frappés par cette brutale et illégale mesure d’interdiction de sortie du territoire. Cette agression est d’autant plus injuste, absurde et bêtement méchante que notre camarade Mansour Faye, de ce que nous savons, ne fait l’objet d’aucune procédure d’instruction devant un juge», indique M. Ndong, avant de soutenir que cette décision vis-à-vis de Mansour Faye est «sans fondement».

«Sans aucun doute, c’est sur des bases exclusivement politiques, voire politiciennes, que le pouvoir s’attaque à notre camarade Mansour Faye et à bien d’autres encore. Il l’avait fait, du reste, avec Farba Ngom et Tahirou Sarr, injustement emprisonnés et à qui nous renouvelons notre soutien total», s’emporte M. Ndong.

«Rien, en Droit, n’autorise une pareille forfaiture et une si ignoble imposture.»
«C’est pourquoi l’Alliance pour la République dénonce solennellement et avec la dernière énergie, ce coup de force perpétré par un pouvoir aux abois et qui affiche, sans honte aucune, son incompétence !», déclare-t-il.

Suffisant pour eux de monter au créneau pour siffler la fin de la récréation, disent-ils, afin de «faire face à ce régime dictatorial».

«Les combats de salon et les conférences de presse, ça suffit. Il est temps de faire face à ce régime fasciste et dictatorial», lance l’ancienne députée et maire de Ndiaffate, Astou Ndiaye, porte-parole du jour de l’Apr. En s’attaquant à l’ancien ministre, selon les apéristes, le régime ne cherche qu’à «atteindre» le Président Sall.

«Trop c’est trop ! Nous avons toujours dit qu’il ne faut pas réveiller le lion qui dort. Nous savons que c’est le Président Macky Sall que vous cherchez à atteindre. Après avoir agressé hier de hauts responsables de notre parti et aujourd’hui le camarade Mansour Faye, le pouvoir vise à la fois le Président Macky Sall et l’ensemble de notre parti. Mais vous nous trouverez sur votre chemin. Car on n’a pas peur.»

«Trop c’est trop ! Il est temps de faire face à ces autorités. Il faut que ça s’arrête !», embraie la députée. Le seul tort reproché à Mansour Faye est de toucher du doigt «les insuffisances» du nouveau régime.

«Nous comprenons que le Premier ministre, qui confisque tous les pouvoirs au Sénégal, se sente «offensé» par les sorties du camarade Mansour Faye qui s’applique à montrer aux Sénégalais qu’avec lui, notre pays court un très grave danger ! Ce faisant, il règle ses comptes avec lui, en usant de la force contre le Droit ! Il est temps de faire face à ces autorités. Il faut que ça s’arrête !», décrète la maire de Ndiaffate, par ailleurs membre du Secrétariat exécutif de l’Apr. «Mes camarades de parti, les conférences de presse, ça suffit. Il faut désormais affronter ce régime qui entend gouverner par la terreur qu’elle inspire par sa volonté de bâillonner toutes les libertés démocratiques», appuie-t-elle.

L’Apr  alerte toutes les organisations de la Société civile engagées dans le combat pour le respect des droits de l’Homme, toutes les organisations politiques et l’opinion publique, tant nationale qu’internationale, sur ce qu’elle appelle «l’installation progressive d’un pouvoir fasciste au Sénégal».

En guise de rappel, l’ancien ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement n’a pu, avant hier lundi, se rendre à son voyage à Djeddah via Paris. Une fois à l’Aéroport international Blaise Diagne, où il envisageait d’embarquer dans l’avion pour effectuer la Oumra ou le petit pèlerinage à La Mecque, l’interdiction lui a été opposée par l’autorité de quitter le territoire sénégalais. Mansour Faye avait voulu profiter de ce voyage pour rendre visite, à Paris, à sa mère souffrante. Mais cette volonté n’a pu se concrétiser à la grande surprise de l’ancien ministre qui a vu un agent de la Police de l’air lui signifier l’impossible embarquement dans le vol Air France, en partance pour Paris, au motif que la décision émane de l’autorité supérieure.
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