Pour une meilleure gestion de l’hygiène menstruelle : L’Association des journalistes en santé fait le plaidoyer

Par Justin GOMIS –
C’est une lancinante préoccupation : certaines collégiennes et lycéennes vivent difficilement leurs périodes menstruelles. Conséquence : pour fuir le regard des autres, elles sèchent les cours. Afin de briser la glace et promouvoir l’hygiène menstruelle, l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd), en collaboration avec la Fondation Bill et Melinda Gates, a remis, hier, un important lot de kits de serviettes hygiéniques aux élèves du Lycée John F. Kennedy. Ce geste, qui entre dans le cadre du projet «Santé en lumière», a permis d’organiser à l’intention des filles de cet établissement scolaire, un amphi pédagogique sur l’hygiène menstruelle autour du thème : «Briser les tabous et promouvoir l’hygiène menstruelle pour un avenir meilleur.»
L’objectif, c’est de permettre à ces jeunes filles de ne plus avoir honte, de ne plus avoir de complexe, mais surtout de savoir comment gérer l’hygiène menstruelle afin de pouvoir sensibiliser par la suite les plus jeunes au niveau des classes de 6ème.
Selon Ramatoulaye Diouf Samb, sage-femme et chargée de l’information et de la communication de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal, le premier aspect, c’est la protection. Et d’expliquer : «parce que la gestion de l’hygiène menstruelle repose sur trois piliers, à savoir l’utilisation des serviettes hygiéniques, les infrastructures adéquates et la gestion des déchets, c’est-à-dire l’élimination des serviettes usagées qui peuvent créer des infections urinaires et impacter la santé de la reproduction», a-t-elle fait savoir. Poursuivant ses propos, elle renseigne que «800 millions de femmes dans le monde voient leurs menstrues chaque mois et 83, 26% de ces femmes ne sont pas préparés et sont perturbés pendant leurs premières règles, surtout par leurs parents et par l’école». A l’en croire, d’après des études menées par la Cellule genre du ministère de la Santé, beaucoup de filles au Sénégal n’ont pas accès à l’eau pour leur hygiène. Selon toujours la sage-femme, certaines filles utilisent des méthodes dangereuses.
Certaines mettent de la boue dans leurs parties intimes quand elles voient leurs menstrues, des noix de palme, et utilisent aussi des tissus textiles usés. D’autres, faute de solutions, révèle la chargée de l’information et de la communication de l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal, «ne se protègent pas, mais elles préfèrent s’isoler jusqu’à la fin des règles».
D’après Ramatoulaye Diouf Samb, une étude menée à Louga a montré que plus de 20% des filles arrêtent d’aller en cours quand elles voient leurs menstrues, parce qu’il n’y a pas de toilettes, il n’y a pas d’intimité, elles ont honte et ont peur.
Même si elles ne connaissent pas les problèmes liés au manque de toilettes, les élèves du Lycée John F. Kennedy ont vécu tout de même des situations similaires, surtout à l’apparition de leurs règles. Par exemple, Fatoumata Binta Diallo a confié lors de cette rencontre : «Je vis avec mes parents, et quand j’ai mes règles, je suis mal à l’aise.
Quand je m’isole, mon frère me pose des questions. Il me demande pourquoi je ne prie pas, pourquoi je ne touche pas le Coran. Cela m’indispose parce que j’ai honte d’en parler.» Pour briser les tabous, la sage-femme suggère aux élèves de John F. Kennedy de ne plus avoir honte, car cela fait partie d’elles. Elle a ainsi fait savoir que les jeunes filles doivent supporter les menstrues et les gérer en prenant des antalgiques en cas de douleurs, sans oublier de prendre des serviettes hygiéniques adéquates et d’aller en cours. Mme Samb a aussi insisté sur le fait que le sang des règles est propre et vient de leur corps. Elle pense qu’il faut déconstruire les mauvaises informations, les croyances et chasser la honte qui empêche les jeunes filles de vivre correctement cette période.
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