La région de Ziguinchor a connu une augmentation de l’incidence du paludisme. Entre 2023 et 2024, la région a enregistré une incidence de 9 pour mille.Par Khady SONKO –

 Durant ces dernières années, Ziguinchor a commencé à rentrer dans la zone de pré-élimination du paludisme. Sur les cinq districts sanitaires de la région, deux, en l’occurrence ceux d’Oussouye et de Thionck Essyl, enregistraient de faibles transmissions, avec des taux d’incidence inférieurs à 5 pour mille. Mais entre 2023 et 3024, l’incidence du paludisme a réellement augmenté. «Une augmentation supérieure à plus de 50% par rapport à l’année dernière», a révélé Youssouf Tine. Le Directeur régional de la santé de Ziguinchor s’exprimait hier, à l’issue de la réunion du Comité régional de développement (Crd) sur la campagne de distribution de masse de moustiquaires imprégnées d’insecticides pour l’édition 2025.

Les raisons de ce regain pourraient être diverses. «L’année dernière, avec la rétention d’informations sanitaires, on peut se dire qu’il y a une sous-notification. L’incidence globale de la région est de 9 pour mille», a informé le Directeur régional de la santé. En d’autres termes, a-t-il expliqué, «si vous prenez mille personnes dans la région de Ziguinchor, au moins les 9 ont eu à développer le paludisme l’année dernière. Ce taux est supérieur à celui attendu dans une zone de pré-élimination dans sa globalité».

Pour les praticiens, cette campagne de distribution de masse de moustiquaires imprégnées d’insecticides vient à son heure, dans la mesure où c’est une intervention majeure dans la lutte contre le paludisme.

Cette campagne est organisée tous les trois ans pour assurer une bonne couverture en moustiquaires imprégnées d’insecticides. Elle va être lancée le 10 mai prochain. Il s’agira d’un lancement conjoint avec la République sœur de la Gambie pour gérer les questions transfrontalières de lutte contre le paludisme. La distribution va se dérouler du 23 au 27 sur l’étendue du territoire national, mais surtout dans les huit régions concernées par la campagne.

355 mille moustiquaires seront distribuées dans la région de Ziguinchor. Tous les ménages seront visités dans le cadre de cette campagne. Pour cette année, le recensement va être digitalisé.

Avec l’augmentation du taux d’incidence, la mortalité a augmenté dans sa globalité. Elle est de 0, 56 pour mille en 2024, contre 0, 28 pour mille en 2023. «Ce taux de 0, 56 pour mille, quand on le traduit en chiffres, cela veut dire que nous avons perdu quatre personnes dans la région à cause du paludisme. Mais nous sommes toujours au seuil inférieur d’1 pour mille qui prévalait dans la région. Nous n’avons pas enregistré de décès de femme enceinte lié au paludisme à Ziguinchor», a développé Dr Tine.

Les moustiquaires imprégnées d’insecticides constituent une stratégie majeure dans la lutte contre le paludisme au Sénégal. Cela a permis, au fil des années, de réduire de façon considérable la morbidité, mais également la mortalité liée au paludisme dans le pays. «Nous invitons les populations à accueillir à bras ouverts les relais communautaires qui vont visiter leurs ménages, mais également les superviseurs et les équipes des districts pour faire un bon recensement afin qu’il n’y ait pas de problèmes dans la distribution», a appelé Youssouf Tine.

Pour lui, il est possible d’éliminer le paludisme dans ce pays si réellement il y a une volonté politique. «C’est une question de souveraineté. Il y a certains pays qui y sont arrivés, et le Sénégal peut le faire», convainc Dr Tine.
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