Une rencontre sur la santé de la reproduction des adolescents et jeunes a été clôturée hier à la Somone. Organisée par l’Initiative nationale des jeunes pour la santé et le développement (Ing), en partenariat avec le ministère de la Santé, cette initiative vise à renforcer le plaidoyer auprès des parlementaires pour un meilleur engagement politique et financier autour de cette question cruciale. Lors de cette rencontre, Dr Mama Moussa Diop, Directeur régional de la santé de Thiès, a souligné que la jeunesse est le pilier du développement. «Préserver le capital santé des jeunes, c’est garantir un avenir durable au pays», dit-il. Il s’est également félicité de cette rencontre qui permet d’échanger directement avec les représentants du Peuple. «C’est essentiel que les élus comprennent les enjeux pour soutenir les efforts faits sur le terrain», ajoute-t-il.

L’atelier s’inscrit dans le cadre de la campagne «Les aînés protecteurs», portée par l’Ing qui prévoit plus de 1400 causeries communautaires à travers les 14 régions du Sénégal. «Nous avons ciblé les parlementaires car ils sont au cœur de l’action législative et budgétaire», a expliqué Aminata Badiane, Coordonnatrice nationale de l’Ing. Elle rappelle que «sans un financement adapté, sans une loi effective, les jeunes continueront d’être marginalisés dans l’accès à l’information et aux services de santé». Un point majeur du plaidoyer concerne la loi sur la santé de la reproduction adoptée en 2005, mais toujours sans décret d’application. «Rien qu’avoir ce décret permettrait de structurer l’offre de services «Youth Friendly» dans toutes les régions», plaide Mme Badiane. «C’est une urgence. Sans cela, nos jeunes restent vulnérables», ajoute-t-elle.

Sur le plan local, Thiès montre l’exemple. La région a lancé plusieurs actions de sensibilisation, réuni les acteurs de la santé de la reproduction et accueilli récemment la Journée de la population orientée vers les jeunes. «La santé des jeunes est spécifique. Il leur faut des espaces adaptés, loin des centres médicaux classiques», insiste Dr Diop. Il appelle à la multiplication des centres-conseils ados et des espaces jeunes, sans stigmatisation.

Les jeunes sont également impliqués comme acteurs du changement, notamment via les pairs éducateurs. «Ce n’est pas n’importe qui qui peut leur parler. Il faut comprendre leurs codes, utiliser leurs canaux de communication», rappelle le Directeur régional de la santé. «C’est pourquoi nous formons les relais communautaires pour aller à leur rencontre», enchaîne Dr Diop.
A l’échelle nationale, l’Ing poursuit son plaidoyer pour faire évoluer le cadre légal. «Nous avons convié les commissions Santé, Finances et Lois de l’Assemblée. La santé de la reproduction est une question transversale qui exige une synergie entre les secteurs», insiste Aminata Badiane. Elle appelle à une concertation permanente entre l’Etat et les élus pour que les politiques publiques intègrent réellement les besoins des adolescents et jeunes.
Alors que les chiffres montrent une forte demande en services de santé reproductive chez les jeunes, l’absence d’un cadre normatif clair freine leur accès à des soins appropriés. La rencontre de la Somone aura permis de rappeler que leur santé n’est pas un luxe mais un droit, et que la responsabilité est désormais collective.
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