Le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement a retracé les grandes priorités de son département engagé dans une série de réformes pour s’adapter à l’Agenda de transformation Sénégal 2050.Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – 

 Le Ministre de l’hydraulique et de l’assainissement (Mha), Dr Cheikh Tidiane Dièye, a présidé hier à Saly, l’ouverture des journées de réflexion et d’orientation sur les réformes prioritaires dans le secteur de l’Eau, de l’assainissement et de la gestion des ressources en eau, dans le cadre de l’accompagnement de l’agenda national de transformation. Cette démarche a pour objectif de corriger les déséquilibres historiques et d’assurer une distribution plus équitable de l’eau à l’échelle nationale, en mettant un accent particulier sur le rééquilibrage entre les zones urbaines et rurales. «Ces assises sont le prolongement direct des concertations nationales «Penc’eau», organisées à Kaolack du 21 au 23 novembre 2024. Ces rencontres fondamentales ont réuni plus de 300 acteurs issus d’horizons divers : officiels, représentants du secteur privé, de la Société civile, d’institutions de recherche, ainsi que des experts chevronnés et des usagers. L’objectif était d’établir un diagnostic précis du secteur et d’élaborer une Lettre de politique sectorielle de développement 2025-2029», a déclaré Dr Cheikh Tidiane Dièye.
Un des piliers de cette réforme concerne le secteur de l’assainissement, souvent en retrait par rapport à l’accès à l’eau potable. Le ministre a insisté sur la nécessité d’accélérer sa transformation, car il est au cœur des défis sanitaires et environnementaux, essentiels pour la santé publique et le développement durable. L’am­bition est d’atteindre une couverture adéquate et des services de qualité, tant en milieu urbain qu’en milieu rural, afin de réduire significativement les maladies liées à l’eau et d’améliorer le cadre de vie des populations. La réorganisation de ce secteur et le renforcement de l’implication des acteurs sont donc des priorités.
Un élément central de cette réforme est également la mise en place de l’Autorité de régulation du secteur de l’Eau (Arse). «Cette instance, très attendue et largement discutée lors des concertations de Kaolack, aura pour mission de garantir la transparence, l’équité et l’efficacité des services. Des actes relatifs au cadrage de ses textes d’organisation et de fonctionnement ont déjà été posés, et les discussions de Saly visaient à établir les jalons opérationnels pour sa mise en place effective. L’établissement de cette autorité est crucial pour assurer un cadre réglementaire stable et favorable aux investissements, tout en protégeant les intérêts des usagers», a assuré le ministre.
M. Dièye a également mis en exergue la grande ambition de la réforme dans le domaine de l’hydraulique, particulièrement en milieu rural. Cette ambition se traduit par la prise en compte de grands chantiers, notamment les «autoroutes de l’eau». La première phase de ce projet colossal concerne le grand transfert du lac de Guiers vers Dakar, mais également vers Touba et une branche dans les Niayes. D’autres transferts suivront, inscrivant le cadrage général des autoroutes de l’eau sur l’ensemble du pays à moyen et long termes.
Parallèlement, une réforme majeure de la restructuration du ministère est en cours. Selon lui, «le  Mha a besoin d’être refondé, a besoin d’être transformé pour être plus adapté aux réalités actuelles, à nos ambitions, mais également à ce que notre pays veut faire de ce secteur dans les années à venir. Cette restructuration interne est essentielle pour doter le Mha de capacités organisationnelles et humaines nécessaires à la mise en œuvre de réformes complexes et ambitieuses», a-t-il précisé.
L’un des défis les plus pressants abordés lors de ces journées est la problématique des inégalités d’accès à l’eau, particulièrement entre les zones urbaines et rurales.
Interrogé sur des cas comme Fimela, un arrondissement ayant souffert de sept ans sans eau, le ministre a affirmé que «les discussions que nous avons, mais également plus largement, la réforme du secteur prendra en charge toute cette problématique». Il a souligné également que «l’urbain et le rural sont les deux mamelles du secteur en matière d’accès et que la mise en œuvre de la nouvelle politique sectorielle va donner plus d’équité, plus de justice dans la distribution de l’eau au niveau du territoire».
Le ministre a aussi abordé la question cruciale de la préparation à l’hivernage et de la gestion des inondations. «Tout le dispositif de préparation de l’hivernage est déjà définitivement installé. Des tests ont déjà commencé, avec des résultats satisfaisants. Les travaux de curage et de nettoyage sont en cours dans les grandes villes, avec une date limite fixée au 15 juillet pour l’achèvement», a-t-il détaillé. Toutefois, est-il d’avis qu’avec la réalité du changement climatique, «quel que soit le niveau de préparation technique, il arrive des moments où des choses peuvent se passer qui échappent au contrôle». Mais rassure-t-il, toutes les dispositions sont prises pour faire face à cet hivernage.
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