Signature de convention : La Fao octroie plus de 87 milliards F pour la Grande muraille verte

Par Justin GOMIS –
L’espoir est permis de voir le projet de la Grande muraille verte tenir toutes ses promesses. Ce projet ambitieux et porteur d’espoir pour le développement des communautés vient de bénéficier d’un soutien financier qui s’est matérialisé hier par la signature de l’accord du Projet de renforcement de la résilience dans la Grande muraille verte africaine (Suraggwa) entre le gouvernement du Sénégal, à travers le ministère de l’Environnement, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (Fao).
Financé à hauteur de 87, 75 milliards de francs, ce projet de «renforcement de la résilience dans la Grande muraille verte vise à restaurer 1, 4 million d’hectares de terres dégradées, à réduire 65 millions de tonnes de CO₂ et à améliorer durablement les conditions de vie d’1, 9 million de personnes, en particulier des femmes et des jeunes», a expliqué Mme Bintia Stephen-Tchicaya, Coordinatrice sous-régionale par intérim de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest.
Pour le Sénégal, précise le ministre de l’Environnement, le projet prévoit la restauration d’un peu plus de 80 mille ha de terres dégradées et bénéficiera directement et indirectement à des milliers de Sénégalais. Il contribuera également à atténuer les émissions de gaz à effet de serre, à développer des chaînes de valeur pour des produits forestiers non ligneux et à renforcer les capacités institutionnelles de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte (Asergmv), afin d’assurer la durabilité des actions entreprises.
Ces attentes amènent la représentante de la Fao à dire que cette initiative phare de l’Union africaine est bien plus qu’un mur de végétation.
«C’est une vision collective pour restaurer les terres, renforcer la résilience des communautés et bâtir un avenir durable dans la région sahélo-saharienne.
Elle s’étend sur plus de 8000 kilomètres, du Sénégal à Djibouti, et mobilise plus de 20 pays africains, avec le soutien d’organisations internationales telles que la Fao», a-t-elle dit.
Selon toujours Mme Bintia Stephen-Tchicaya, «ce projet s’appuie sur l’engagement de plus de 15 000 groupes communautaires, avec une participation féminine d’au moins 30%». Il mobilise les gouvernements, la Société civile, le secteur privé et les institutions régionales dans un esprit de synergie et de coopération. «La signature de cet accord est une étape majeure qui marque le démarrage effectif de ce projet d’envergure, avec un financement total de plus de 25 millions de dollars dont plus de 12 millions de dollars de cofinancement apportés par le gouvernement du Sénégal», dit en outre le ministre. A travers ce projet, les autorités montrent ainsi l’importance qu’elles accordent «à la lutte contre la dégradation des terres, à la création d’emplois verts, à la sécurité alimentaire et à la résilience climatique».
Mme Bintia Stephen-Tchicaya insite surtout dans un contexte de changement climatique : «Ce projet prend tout son sens dans un contexte d’urgence écologique faite de déforestation massive, causée par l’avancée du front agricole, les feux de brousse, les coupes illégales de bois et le surpâturage.»
A en croire la représentante de la Fao, «ces effets ne sont pas sans conséquences majeures». Ils participent à réduire la capacité des forêts sénégalaises à absorber le CO₂. A l’échelle régionale, «les effets du changement climatique se font durement sentir : hausse des températures, sécheresses prolongées, précipitations irrégulières, dégradation des terres et insécurité alimentaire croissante». Les parties voient le projet Suraggwa comme une réponse audacieuse et transformatrice de ces défis. Et c’est dans ce sens que la Fao promet d’accompagner cette initiative en Afrique de l’Ouest.
«Nous mettons en œuvre la stratégie des «Quatre améliorations» -une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure- pour transformer les systèmes alimentaires et renforcer la résilience. Au Sénégal, nous avons soutenu la révision de la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, la création d’une agence de reboisement et de pôles verts résilients, ainsi que l’élaboration du Plan national d’adaptation de l’agriculture», a-t-elle informé. L’objectif, poursuit-elle, c’est de faire de «la Grande muraille verte un symbole vivant de la résilience, de la dignité et de l’espoir pour les populations rurales du Sahel».
justin@lequotidien.sn