Mise en demeure de la Tfm : Le Cdeps vent débout contre le Cnra

«Un acharnement intolérable», «la volonté d’instauration d’une police de la pensée». Les mots ne manquent pas au Conseil des diffuseurs et éditeurs des médias (Cdeps) pour protester contre la démarche du Conseil national de l’audiovisuel (Cnra) qui menace de suspension la Télévision Futurs Médias (Tfm). L’émission «Jakaarlo» de vendredi dernier est passé par là !Par Mame Woury THIOUBOU –
La pilule ne passe décidément pas. La mise en demeure que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a servie à la Télévision Futurs Médias (Tfm), suite à une passe d’armes entre le député Amadou Bâ et le chroniqueur Badara Gadiaga, lors de l’émission Jakaarlo de vendredi dernier, est difficile à avaler. Cette décision est perçue comme «un acharnement intolérable» par le Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse du Sénégal (Cdeps). Le Cdeps, qui appelle le Cnra à «une position d’indépendance, de mesure et de retenue», exprime «sa profonde indignation et son inquiétude» à travers un communiqué parcouru par Le Quotidien.
Mamadou Ibra Kane, au nom des patrons de presse, fustige la démarche du gendarme de l’audiovisuel et apporte son soutien au Groupe Futurs Médias (Gfm). «Dans ce contexte inadmissible, le Cdeps exprime son soutien sans réserve au Groupe Futurs Médias, exige une indépendance absolue du Cnra et met en garde contre toute volonté d’instauration d’une police de la pensée», note le document.
Listant ses griefs contre le Cnra, le Cdeps «rappelle au collège de cet organe de régulation qu’il ne saurait prendre position pour un camp dans les divergences d’opinions ou les émissions télévisées qui sont le fondement du débat démocratique». «De surcroît, dans les échanges incriminés entre le chroniqueur et le militant politique dans l’émission Jakaarlo du vendredi 4 juillet 2024, il est inconcevable que le Cnra décide une nouvelle fois de condamner une partie au profit de l’autre, étalant ainsi devant tout le monde un parti pris manifeste.» Selon le Cdpes, hormis ce communiqué menaçant «de suspendre tout ou partie des programmes de la Tfm», le Cnra a déjà franchi les limites en publiant un communiqué le 26 mars 2025, alors même que son collège n’était pas encore installé. Un communiqué «de la même teneur» selon le Cdeps et qui exerce sur la chaîne de télévision Tfm, «un acharnement intolérable et dans une logique partisane». Toutes choses qui font dire au Cdeps que le Cnra «persiste dans sa volonté de mettre au pas la presse, conformément aux appels répétés d’un parti politique». Les patrons de presse dénoncent également «les agressions à la liberté d’expression par les convocations à la police de journalistes, les mesures d’instruction du Parquet pour maintenir les personnes ciblées en prison contre toute règle judiciaire en la matière». Dernier épisode de ce feuilleton, la convocation «zélée» de Madiambal Diagne. «Le Cdeps continuera de dénoncer l’inquisition fiscale, la privation de publicité, le refus d’honorer les prestations déjà effectuées, les coupures illégales de signaux de certaines chaînes de télévision, le blocage arbitraire depuis deux ans du Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp)», informe le document. Un appel est ainsi lancé «au président de la République et son gouvernement, à tous les Sénégalais, la Société civile, aux autorités coutumières, chefferies musulmanes et à l’Eglise, aux partis politiques, pour la préservation de l’Etat de Droit, de la liberté de presse et de la liberté d’expression, socles de toute société démocratique».
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