Sous un ciel gris d’hivernage, Dr Babacar Diop, maire de la Ville de Thiès, s’est rendu, ce lundi 18 août 2025, dès 6 heures du matin, au Marché central aux poissons, à l’invitation des mareyeurs.Par Cheikh CAMARA – Accueilli par les acteurs du Marché central aux poissons de Thiès, Babacar Dio

p n’a pas hésité à patauger dans les eaux usées et insalubres du site. Une première visite d’autorité saluée par les commerçants qui se disent confrontés à de multiples difficultés. Très émue, Mame Maréma Mbaye, présidente des femmes mareyeuses, a rappelé que jamais auparavant une autorité n’avait foulé ce marché dans de telles conditions.
Elle a souligné l’urgence d’un éclairage public pour sécuriser le site, tout en dénonçant la recrudescence des agressions. «Les malfaiteurs nous prennent pour cible, alors que nous circulons sans argent. L’un de nous a même été mortellement agressé», a-t-elle regretté. Moussa Yékéni Diop, vice-président de l’Association des mareyeurs, a pour sa part alerté sur la gravité de la situation. Selon lui, le Sénégal est aujourd’hui contraint d’importer du poisson de la Mauritanie et du Maroc, conséquence de la raréfaction dramatique des ressources marines nationales.
«Nos mers se vident. Nous interpellons le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko pour venir en aide à un secteur qui traverse des moments extrêmement difficiles», a-t-il lancé. Face à ces préoccupations, le maire Babacar Diop a expliqué les raisons de sa visite matinale : constater de visu les réalités du métier. «J’ai relevé trois choses : la pêche est un secteur stratégique pour notre économie, il est pourvoyeur d’emplois pour des milliers de jeunes et de femmes, et pourtant, malgré ces atouts, le Sénégal importe aujourd’hui du poisson. Cela doit nous interpeller», a-t-il affirmé.
Le maire a insisté sur la nécessité d’une meilleure organisation du secteur et sur la protection des ressources marines, qui nourrissent près de 500 000 familles sénégalaises. Il a également évoqué la question sécuritaire, rappelant qu’une mareyeuse avait récemment perdu la vie dans une agression, et promis de renforcer l’éclairage du site. Enfin, il a plaidé pour l’ouverture urgente du nouveau Marché aux poissons de Diassap, construit par l’Etat mais toujours fermé.

«L’infrastructure a coûté des milliards. Elle doit être gérée de façon moderne et efficace pour éviter de reproduire les erreurs connues dans nos marchés», a-t-il averti. En se rendant hier si tôt aux côtés des mareyeurs, Babacar Diop a voulu témoigner de son engagement. Mais son message est clair : sans une réaction rapide de l’Etat et une stratégie durable, la mer sénégalaise, vidée de ses poissons, ne pourra plus nourrir les familles qui en dépendent depuis des générations.
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