Le Syndicat uni des travailleurs du Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se. Cnsa) a saisi le Premier ministre pour partager ses incertitudes et angoisses. Ses travailleurs, qui courent après deux mois de salaires, espère que le Pmos va décanter la situation.

«M. le Premier ministre, le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se-Cnsa) est mis en place par arrêté primatoral n°3066 du 07/01/2000. Il assure le suivi et la coordination de la mise en œuvre des politiques et programmes de sécurité alimentaire ; évalue régulièrement la situation alimentaire et nutritionnelle des populations ; assure le suivi des indicateurs sur la sécurité alimentaire pour le dispositif fonctionnel d’alerte rapide ; surveille l’impact des politiques macroéconomiques et sectorielles sur la sécurité alimentaire ; produit des analyses et rapports pour permettre aux décideurs de formuler des politiques, concevoir et cibler des interventions plus efficaces.

Cependant, le Secrétariat exécutif vient d’être supprimé par arrêté n°034102 du 26 décembre 2024, sans qu’il ne soit procédé à la désignation d’un autre organe et de son administrateur pour prendre en charge les questions administratives et techniques de la boîte.

Monsieur le Premier ministre, le personnel du Se-Cnsa est sous votre autorité et nous n’avons aucun interlocuteur auprès de la Primature pour recevoir nos courriers, notes d’informations, réclamations et conseils sur les raisons des retards de nos salaires, etc. Vous avez été un fonctionnaire et vous savez la sacralité du salaire dans un pays comme le Sénégal. A la date d’aujourd’hui, le personnel court après deux mois de salaires. Ces retards sont récurrents depuis octobre 2024. Nos prises en charge auprès de Transvie, dans les hôpitaux, cliniques et pharmacies ont été arrêtées brusquement, sans aucune explication au personnel, alors que les ponctions sont effectives dans les bulletins de salaires. Pourquoi le versement des salaires semble-t-il générer un malaise presque palpable ? Une méprise qui gangrène le lien employeur-employé !

Le retard ou le refus implicite de payer les salaires traduit une méprise dangereuse : celle de considérer les salaires comme une faveur et non comme une obligation légale et morale. A chaque fin du mois, le stress envahit le personnel. Les employés, fatigués d’attendre, osent à peine demander quand leurs salaires tomberont. L’agent de terrain incapable de payer son loyer, le chef de bureau régional forcé de mendier des crédits pour nourrir sa famille, et tant d’autres. Ce genre de climat détruit la confiance et réduit à néant la motivation des employés. Un salaire : une ressource vitale, pas un luxe.

Un salaire ne représente pas seulement le prix d’une prestation. Il constitue un socle de stabilité sociale. Derrière chaque employé, il y a des obligations financières et des responsabilités familiales. Retarder un salaire, c’est mettre en péril des vies et des rêves. Svp Monsieur le Premier ministre, aidez-nous à percevoir nos salaires pour être en mesure de mener nos activités quotidiennes en vue du suivi de l’insécurité alimentaire des populations. L’Etat et ses partenaires ont besoin de nos informations à la base pour agir vite et bien.
Le Se-Cnsa, structure de veille en matière de sécurité alimentaire, estime que les départements de Podor, Matam, Kanel, Bakel et Goudiry regroupent près de 80% des 518 509 personnes les plus exposées à une crise alimentaire sévère entre juillet et août 2025. Le travail du Se-Cnsa est magnifié par tous les partenaires qui interviennent dans la sécurité alimentaire, la nutrition et la résilience. Le Sénégal est devenu cette grande école sous-régionale sur les innovations en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire reconnue de tous. Le Cills, Agrhymed, la Fao, Acf, le Pam, et j’en passe, peuvent témoigner du leadership du Se-Cnsa. Tâchez de garder, mais surtout de renforcer le Se-Cnsa dans cette dynamique du gouvernement de lutter contre la pauvreté, le sous-développement et arriver à l’autosuffisance alimentaire.

Depuis l’an 2000 jusqu’en octobre 2024, et en cette période (août-septembre), le Se-Cnsa s’apprête à organiser les enquêtes périodiques de sécurité alimentaire, de nutrition et de résilience pour la tenue des rencontres du Cadre harmonisé qui a pour but d’aider le pays à mieux prévenir les crises alimentaires et, le cas échéant, d’identifier rapidement les populations affectées, ainsi que les mesures adéquates permettant d’améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour cette année, notre pays risque de passer à côté de cette activité capitale que tous les pays membres du Cilss organisent durant la même période.

En octobre 2024, une mission de suivi et d’évaluation de la situation alimentaire et pastorale des populations rurales affectées par les crues exceptionnelles des fleuves Sénégal, Gambie et de la Falémé s’est rendue dans ces zones pour évaluer les besoins des populations affectées par les inondations, afin d’élaborer des propositions de programme de réponse d’urgence à l’endroit de l’Etat et de ses partenaires. Tous ces rappels pour montrer l’importance du Se-Cnsa.

Pour tout dire, Monsieur le Premier ministre, nous réclamons tout simplement nos salaires et les moyens logistiques pour le travail de terrain.»