Le panafricanisme ? Le souverainisme ?
Ces deux préceptes sont comme le laqdariyu° musulman et le catéchisme chrétien : soit, ils sont bien assimilés dans notre pratique au quotidien de la religion (Islam pour le premier et Christianisme pour le second), soit -pour le même effet- nous ramons en zone impie.

Le panafricanisme serait-il se couper du reste du monde et vivre en autarcie, en marge du reste du monde ? Damnée Afrique mère alors (pour ne pas citer la seule République Ndumbelanienne° que nous vivons si comiquement) !
Et nous aurions alors toutes les raisons d’en vouloir à Nkrumah, Julius Nyerere, Gamal Abdel Nasser, Patrice Lumumba et consorts : ils auraient malencontreusement théorisé dans un passé si récent à nous enterrer vivants et ou à nous faire sortir du train de l’histoire pour ne pas dire de la marche du monde.

Et pour le souverainisme dans tout cela ? Sékou Touré comme Sankara après lui, s’y sont -chacun à sa manière- essayés en entraînant leurs peuples respectifs dans des tourments que l’histoire refuse de rapporter dans sa version des plus objectives. Ils l’ont prêché (ce souverainisme populiste) sans en maîtriser les leviers nécessaires : il n’y a pas de pays souverain sans capacité financière réelle, sans source d’investissement disponible et sans transfert de technologie avéré.

Il est bien de faire rêver un Peuple. Nourrir la haine de l’autre dans les poitrines et dans les esprits, par contre, est une catastrophe ontologique et un cataclysme humanoïde sciemment distillés au sein des différentes composantes d’un Peuple, de son Peuple.

Depuis un certain temps, la haine du prochain habite de plus en plus la poitrine de l’homosénégalensis : le fils tance son père et ou sa mère, le frère cadet défie son aîné, le mari ou la femme boude son conjoint, les voisins se regardent en chiens de faïence, les parents s’entredéchirent, le miskiin° accusent les boroom baarké° de ses déboires au quotidien, le citoyen défie l’Etat, se moque des atours de la République et désacralise les fondements de la Nation et puis, plus grave encore, prend l’étranger comme la source de la misère de son pays, de son environnent vital, de ses rêves brisés et de son indigence grandissante et chronique. Tout ça -constate-t-on- pour protéger et porter le fameux porozet° au pouvoir même au prix de nos misérables vies. Ndax nak ku ci faatu doon martyr et puis, par ricochet, sa yaay juraat rekk.

Cette haine entretenue entre nous a eu (et continue en fait) d’avoir des conséquences dévastatrices sur chacun de nous, sur notre groupe-peuple°, sur nos communautés hétérogènes mais fortement unies de prime abord. Elle ouvre sur des blessures difficilement amendables (destructions de biens privés et publics), sur des morts (appelés à tort plus qu’à raison des martyrs), sur une confusion sociale explosive et sur des divisions profondes dans la société (le clan des vertueux contre celui des damnés).

Que gagne-t-on dans la division de notre Peuple ? Pourquoi accepte-t-on que l’on nous entretienne d’un pays né uniquement au mois de mars 2024 ? La cassure entre les citoyens du même pays est là ; une cassure lacérante telle que les conséquences d’une lame profondément promenée sur le cuir chevelu d’un chauve. Deux mondes se font face aujourd’hui : celui des probes, des patriotes véritables, des souverainistes et des protectionnistes nés justement en mars 2024 et celui des talés, des corrompus, des détourneurs de deniers publics, des bénis oui-oui qui nourrissent et se goinfrent des retombées d’un «système» qu’il faut à tout prix extirper de la vie nationale. Pour cela, il est légitime de brimer la presse libre, effacer les voies discordantes, tyranniser la Justice que l’on veuille assujettir, blasphémer contre la croyance des uns et des autres, brûler des universités, saccager des enseignes commerciales labellisées étrangères, attaquer et piller les demeures des notables, poursuivre et emprisonner tout homme ayant une fortune supposée ou réelle (une opposition de milliardaires n’étant pas concevable) et aller jusqu’à nuire aux intérêts de son propre pays par un verbe accusateur contre des prédécesseurs qu’il faille politiquement anéantir à jamais.

Les simples mots (panafricanisme ou souverainisme) ne nourrissent pas un Peuple sinon la Guinée, la Rdc et le Ghana seraient aujourd’hui un el dorado. La jeunesse africaine ne se jetterait plus dans les flots génocidaires de l’océan pour changer de vie, l’eau de pluie ne nous chasserait plus de nos demeures, elle ne détruirait plus nos champs et on n’aurait pas besoin des diaspora-bonds pour faire bondir notre économie.

Dites moi un peu : à quand ce majestueux Ndumbélaan° dont les richesses ne se compteraient plus et où Dupont le gros profiteur français, John le petit lorgneur anglais, Huang le tonitruant guetteur chinois, Siddharth le concupiscent indou, Abed le lascif arnaqueur arabe et même Arnold le vil menaçant américain se bousculeraient pour venir y chercher du travail ; même un petit boulot de conducteur de charrette ?
Amadou FALL
Iee à la retraite à Guinguinéo
zemaria64@yahoo.fr