«Saupoudrage soigneusement» orchestré par le ministère de l’Education : Les enseignants éducateurs pour la République mettent en garde

La Fédération des enseignants pour la République demande au ministre de l’Education de revoir sa stratégie de gouvernance de son département.Par Cheikh CAMARA –
«Une dérive communicationnelle qui entoure la gestion actuelle de notre système éducatif.» L’alerte est de la Fédération nationale des enseignants éducateurs pour la République (Feer) qui, au cours d’un point de presse, à Thiès, a tenu à alerter l’opinion publique. Selon ces enseignants, «la cérémonie officielle de réception du matériel scolaire pour la rentrée 2025-2026, que le ministre de l’Education a présidée, dans la ville aux-deux-gares, n’est rien d’autre qu’un saupoudrage soigneusement orchestré, destiné à masquer l’insuffisance criante des moyens déployés».
Mamadou Diène, Coordonnateur national de la Fédération des enseignants et éducateurs pour la République (Feer), attire l’attention de Moustapha Mamba Guirassy : «Vous avez annoncé la livraison de 50 000 tables-bancs, 3 389 838 manuels scolaires, 500 000 kits scolaires, 21 000 tableaux blancs et des milliers de mobiliers pour enseignants. Ces chiffres, présentés comme une avancée historique, ne sont en réalité qu’un miroir aux alouettes. Le Sénégal compte aujourd’hui plus de 4, 2 millions d’élèves dans le cycle fondamental (élémentaire, collège et secondaire).»
Cela signifie, remarque la Feer, «un table-banc pour 84 élèves ; un kit pour 8 élèves ; un tableau blanc pour 200 élèves, sans garantie de répartition équitable ; moins d’un manuel par enfant, alors que chaque élève devrait disposer d’au moins 3 à 5 manuels couvrant les matières fondamentales (français, mathématiques, anglais, Svt, histoire et géographie)». M. Diène considère que «ces ratios sont indéfendables. Ils traduisent une opération ponctuelle, utile, mais largement insuffisante. Ce n’est pas une refondation, c’est une mise en scène. Ce n’est pas une politique éducative, c’est du populisme».
La Fédération des enseignants éducateurs pour la République rappelle qu’«entre 2012 et 2019, sous le mandat de Serigne Mbaye Thiam, le ministère avait engagé une politique d’équipement massive et continue : plus de 8, 2 millions de manuels scolaires distribués, un budget de 10 milliards F Cfa alloué, plus de 200 000 tables-bancs commandés, le programme Premas pour préserver les manuels, et le Paquet pour améliorer la qualité, l’équité et la transparence». Ces actions, selon Mamadou Diène, «bien que perfectibles, répondaient à une logique de transformation réelle, pas à une stratégie d’image».
La Feer attire l’attention sur le fait que «l’éducation ne doit pas être politisée. Elle ne peut être réduite à une vitrine médiatique. Elle exige des actes forts, une vision claire, et une volonté sincère de bâtir une école digne, inclusive et ambitieuse. Le temps des effets d’annonce est révolu. Le temps du populisme doit cesser». Aussi d’exiger une refondation authentique, fondée sur : «Une dotation équitable et suffisante en matériel pédagogique ; une réforme curriculaire inclusive et contextualisée ; une gestion transparente et participative des ressources ; un engagement budgétaire clair, suivi et évalué.»
Mamadou Diène ne manque pas d’indiquer : «L’avenir du Sénégal se joue dans ses écoles. L’éducation est une affaire sérieuse. Elle ne se gouverne pas par le spectacle, mais par le courage politique.» Le Coordonnateur national de la Feer est revenu sur les chiffres actualisés pour l’année 2025, concernant la population scolaire au Sénégal, répartis par niveau : «Elémentaire : un total de 2 087 558 élèves, public (1 753 549), privé (334 009)» ; «Collège (Enseignement moyen) : un total estimé à 1 215 000 élèves. Ce chiffre inclut les élèves de la 6e à la 3e année. Le taux de transition entre l’élémentaire et le collège reste en progression, mais des disparités régionales persistent» ; «Secondaire (Lycée) : un total estimé à 890 000 élèves, répartis entre les séries littéraires, scientifiques et techniques. Le taux de réussite au Baccalauréat reste faible : environ 41% pour la série L2, avec seulement 0, 2% des candidats obtenant la mention».
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