L’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés (Apsfd), qui était en Assemblée générale samedi, a déploré le retard noté dans la publication des décrets d’application de la loi portant réglementation de la microfinance au Sénégal. Cette nouvelle loi, qui transpose la loi uniforme de l’Umoa, est entrée en vigueur, après sa promulgation le 19 février 2025 et sa publication au Journal officiel, le 25 mars 2025. Elle vise à moderniser le secteur de la microfinance sénégalaise en offrant un cadre réglementaire plus moderne et adapté aux enjeux de l’inclusion financière.Par Dialigué FAYE – 

Adoptée par l’Assemblée nationale le 11 février 2025, la nouvelle loi n°2025-04 portant réglementation de la microfinance au Sénégal, qui transpose la loi uniforme de l’Umoa, est entrée en vigueur après sa promulgation le 19 février 2025 et sa publication au Journal officiel, le 25 mars 2025. Mais jusqu’à présent, les décrets d’application ne sont pas encore publiés, a déploré l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés, lors de son Assemblée générale annuelle.

L’Apsfd considère que cette loi représente «un atout majeur» dans la modernisation du cadre d’intervention des institutions de microfinance à travers le «renforcement de la gouvernance, la protection des coopérateurs ou clients, tout en leur permettant de faire face aux défis liés à la digitalisation et l’Intelligence artificielle (Ia)». Cependant, souligne le président, «son importance et sa pertinence ne cachent pas l’existence de contraintes majeures résultant notamment du manque d’information sur le capital social minimum exigé, des incertitudes liées à l’application de l’Acte uniforme de l’Ohada sur les sociétés coopératives». Mamadou Cissé considère que «de ce point de vue, la transformation institutionnelle des Imf conformément aux dispositions de l’Ohada laisse entrevoir des complexités administratives et financières.
Par ailleurs, les Imf de petite taille ne disposent pas des compétences techniques, ni des ressources en interne pour se conformer aux nouvelles obligations liées à la comptabilité, à la gouvernance et au contrôle interne. En l’absence de mesures d’accompagnement, ou d’un programme d’assistance technique structuré, il sera difficile aux Imf de petite taille, très proches de la population, de maintenir le cap».

Face à ces obstacles, indique le président de l’Apsfd, «notre association a déjà pris toute la mesure des enjeux de cette réforme et a initié plusieurs actions concrètes pour accompagner ses membres». Entre autres initiatives, il cite «l’élaboration d’un guide pratique de transformation institutionnelle destiné à orienter les Imf de type Imcec dans leur mutation en Sociétés coopératives avec conseil d’administration (Scoop-Ca) ; l’organisation de webinaires d’information et d’échanges, afin d’expliquer le contenu de ce guide et de permettre une meilleure appropriation par les acteurs ; l’élaboration de statuts et de règlements intérieurs types pour faciliter la mise à jour des textes internes».

L’Apsfd est «engagée à faciliter l’appropriation de cette réforme afin d’atteindre pleinement ses objectifs et disposer d’un secteur stable, inclusif et durable». Mais pour M. Cissé, il est tout aussi nécessaire de bénéficier d’un accompagnement fort des autorités publiques, monétaires et autres partenaires. A ce titre, il sollicite un plaidoyer du ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire pour un renforcement des moyens techniques et financiers à ses départements afin de lever de telles contraintes.
«Sans verser dans la complainte, il n’est pas exagéré de noter que nos membres continuent de faire face à d’autres défis majeurs, parmi lesquels : la fiscalité dont les charges pèsent lourdement sur la rentabilité et la pérennité de nos institutions ; les difficultés liées à l’intégration de la plateforme l’interopérabilité de la Bceao ; le refinancement, qui reste une préoccupation constante pour élargir notre capacité de financement au service des populations vulnérables, des femmes, des jeunes et des Pme», a déclaré Mamadou Cissé. La microfinance est un levier essentiel pour l’inclusion financière, mais aussi pour l’inclusion économique.

Compte tenu de son caractère central, pour d’abord lutter contre la pauvreté, mais aussi créer, à travers le pays, une activité économique susceptible de générer une richesse partagée, Dr Alioune Dione, ministre de la Mess, a jugé nécessaire de la mise en place d’une collaboration solide, structurée et franche entre son département et l’Apsfd. «C’est tout le sens du Pacte pour l’inclusion financière universelle (Pactifu), une nouvelle approche de collaboration avec les institutions de microfinance visant à faciliter l’accès aux financements à tout porteur d’initiative économique», précise son directeur de Cabinet, Mamadou Ndiaye. Qui annonce qu’une première série de conventions seront signées dans les prochains jours pour le refinancement de 14 Imf à travers les mécanismes du ministère.
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