Le continent africain ne doit pas être à la traîne du développement scientifique. Selon le chef de l’Etat Bassirou Diomaye D. Faye, il doit non seulement investir massivement dans la science, mais aller vers une intégration de l’enseignement supérieur en Afrique. Dans le même sillage, au-delà des nombreux défis à relever, il invite les scientifiques, les chercheurs à travailler de concert  dans la créativité et l’innovation pour susciter un engouement des sciences chez les jeunes en vue de relever le défi du retard accusé par l’Afrique.

Par Justin GOMIS – «Il est fondamental que le continent africain investisse massivement dans la science et la technologie, et en particulier dans l’autonomisation du savoir.» C’est la conviction du président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui présidait hier la cérémonie d’ouverture de la 19e  Assemblée générale de l’Agence universitaire francophone (Auf). D’après le chef de l’Etat, «cette autonomie va commencer par  l’enseignement à tous les niveaux, y compris dans l’enseignement supérieur et la recherche des savoirs endogènes qui sont une part inaltérable dans la science universelle». Mais pour y parvenir, Bassirou Diomaye Faye pense qu’il faut aller vers une intégration de l’enseignement supérieur en Afrique. «Aujourd’hui, il nous faut, au-delà de l’intégration politique et économique, penser à une intégration de l’enseignement supérieur en Afrique, et par-dessus tout à l’intégration des savoirs africains», a-t-il suggéré. A l’en croire, «cette intégration des savoirs était en réalité ancrée en Afrique de l’Ouest à l’époque où la transmission et le partage du support du savoir et la mobilité du porteur constituaient une véritable sinécure».

Il en veut pour preuve l’époque où la transmission et le partage des supports avaient fait la renommée de foyers intellectuels tels que l’université Khaly Amar Fall de Pire au Sénégal, la cité Chinguetti, ville du centre-ouest de la Mauritanie surnommée «la Sorbonne du désert» et  la ville de Tombouctou, considérée comme le centre africain du savoir aux XVème et XVIème siècles.

D’après lui, ces trois localités se rattachent à une tradition de promotion des sciences, de circulation du savoir et des savants à des époques pourtant réputées lointaines. Cependant, le président de la République trouve que «l’intégration africaine, en Afrique de l’Ouest francophone en particulier, passe par la mise en œuvre de programmes de formation, de recherche et d’innovation dans toute la sous-région».

Ce à quoi l’Agence universitaire francophone s’est attelé depuis sa création. «L’Auf œuvre depuis sa création à l’intégration de l’espace francophone et à l’inclusion et à la recherche de l’autonomisation scientifique», a-t-il magnifié. M. Faye a en outre encouragé l’agence à plus d’ouverture et d’inclusion. «Il est primordial que cette mission soit réalisée, dans un esprit d’ouverture, à d’autres aires linguistiques et à d’autres modèles culturels», a-t-il dit.  Poursuivant ses propos, il a tenu à montrer que «le lien du savoir est sans doute le plus solide à côté des liens du sang, car il se bâtit sur l’inclination naturelle au partage et à l’altérité». Toutefois, le chef de l’Etat n’a pas manqué de souligner qu’il y a des défis contemporains de l’enseignement supérieur à relever.

«Les défis sont légion. Il s’agit de la formation de masse critique de  techniciens supérieurs, d’ingénieurs et de scientifiques sur toutes les disciplines, la transformation numérique de l’enseignement  supérieur par  la réforme des curricula des modalités d’enseignement et la gestion de la mobilité des étudiants, des enseignants-chercheurs  et des chercheurs. La pertinence des formations face aux mutations du marché.  Il faut ajouter à cela la nécessaire adaptation  aux enjeux sociétaux et l’éclosion de foyers de création  de brevets pour accompagner les programmes du développement», a-t-il énuméré. Dans la même dynamique, le président de la République a encouragé la promotion de la culture scientifique dès le bas âge en Afrique. Il déclare : «Par conséquent, dans un monde où les fractures entre les Etats se creusent par la science, la technologie, la recherche et l’innovation, il est indispensable que les pays du Sud promeuvent une culture scientifique ancrée dès le bas âge jusqu’au niveau supérieur, et dans les modes d’enseignement et de formation formelle ou non institutionnalisée.» Car, d’après lui, l’enseignement supérieur a un rôle essentiel à jouer pour inverser la tendance actuelle  de désaffiliation des filières scientifiques dans nos différents pays. Pour y remédier, le chef de l’Etat appelle les scientifiques à une synergie d’action et de créativité pour susciter chez les jeunes l’amour pour les filières scientifiques. «Comme l’histoire de l’Afrique le démontre, cette tendance n’est pas une fatalité. J’appelle donc les autorités de l’enseignement supérieur, les enseignants-chercheurs  et les chercheurs, dans un sursaut patriotique, à conjuguer leurs efforts, à faire preuve d’innovation et de créativité pour que la jeunesse africaine retrouve le goût, l’envie et la passion pour les mathématiques, la science et la technologie», a-t-il indiqué.
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