La relecture des programmes de sciences physiques a été initiée par l’Institut de recherche sur l’enseignement de la mathématique, de la physique et de la technologie (Irempt). La réflexion a été entamée hier à l’université Cheikh Anta Diop pour évaluer la pertinence et la cohérence des contenus actuels, proposer des pistes d’actualisation et d’amélioration pour une meilleure adéquation avec les avancées scientifiques et les besoins de la société, créer des ressources pédagogiques innovantes pour accompagner la mise en œuvre des programmes. Pr Bacary Manga, directeur de l’Irempt, campe les enjeux : «La relecture des programmes de physique-chimie de la 4e à la 3e vient à son heure, car ce qui ressort des enseignants de sciences physiques, qui sont environ 1500 à travers le pays, est préoccupant. Ils n’arrivent pas à exécuter le programme en totalité chaque année. Ils parviennent à peine à couvrir 60% des contenus, rarement au-delà de 65%. Cela signifie que le programme est trop lourd et qu’il n’a pas pris en compte certaines évolutions.» Lesquelles ? «Il y a la généralisation de l’enseignement des sciences physiques à toutes les classes de 4e. Au Sénégal, auparavant, seul un petit groupe d’élèves suivait des cours de sciences physiques à partir de la 4e, la grande majorité ne commençant qu’en seconde. Je faisais moi-même partie de ceux qui ne commençaient qu’à ce moment-là. A l’époque, cela s’appelait «les grands commençants», mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Tous les élèves étudient les sciences physiques dès la 4e», explique Pr Bacary Manga.

Après cette généralisation, il aurait fallu que les programmes de 4e tiennent compte du fait que les apprenants ont déjà étudié les sciences physiques. «Or, le programme de 4e et de 3e, ainsi que celui de la Seconde à la Terminale, ne prenait pas en considération que les apprenants venaient avec des prérequis. On répétait donc un certain nombre de notions comme s’ils n’avaient jamais étudié les sciences physiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles le programme de Première et de Terminale était assez lourd. La révision vise non seulement à alléger le contenu pour le rendre réalisable en une année normale, mais aussi à tenir compte de l’évolution du monde, des nouvelles technologies, ainsi que des réalités émergentes au Sénégal, comme le pétrole et autres ressources», poursuit l’enseignant. Pour lui, il est temps de faire des réflexions approfondies. «Si nous ne proposons pas un enseignement qui explique ce qu’est le pétrole, comment il est composé, quels sont les métiers liés à cette industrie, quels sont les dérivés du pétrole, etc., nous risquons de manquer une opportunité essentielle dans la formation de notre jeunesse», enchaîne-t-il.
Par Abdou Latif Mohamed MANSARAY – latifmansaray@lequotidien.sn