Tribunal flagrant délits – Pour destruction de biens appartenant à l’Etat : La Sogepa réclame 43 millions à Mbaye Ndiaye


Poursuivi par la Sogepa pour destruction de biens appartenant à l’Etat, Mbaye Ndiaye, qui s’en est défendu, sera fixé par le Tribunal des flagrants délits, qui l’a jugé hier, le 8 janvier prochain.
Par Justin GOMIS – L’ancien ministre de l’Intérieur sous Macky Sall a été attrait hier devant le Tribunal des flagrants délits. Mbaye Ndiaye comparaissait pour destruction de biens appartenant à l’Etat. Les faits objet de sa poursuite remontent à 2024. A l’époque, il avait occupé une maison de fonction de 2012 à 2024. Avec l’arrivée des nouvelles autorités, il a été prié de libérer le logement de fonction en question. Après son départ, la Sogepa, qui avait la gestion de cette demeure, a constaté que des équipements comme les portes, les chaises anglaises avaient été emportés. C’est ainsi qu’elle a fait un devis de ces équipements qu’elle a estimés à 43 millions F Cfa, avant de porter plainte contre Mbaye Ndiaye pour destruction de biens appartenant à l’Etat. Des faits que le prévenu a contestés avec véhémence devant la barre du Tribunal. Il dit : «Je ne reconnais pas les faits. La maison m’a été affectée en 2012. J’ai quitté en août 2024 parce que j’étais souffrant et hospitalisé. Elle était composée de 4 pièces. R+1. J’occupais au premier une chambre. J’ai agrandi au niveau du R+1, mais j’ai informé et je n’ai pas eu une autorisation. Mais pendant les 12 ans, la Sogepa n’a jamais fait d’intervention. J’ai eu à construire 15 chambres de plus. Le jour où je quittais, les portes et fenêtres des 3 chambres que j’avais trouvées étaient là-bas. Mais on m’a dit qu’il y a des portes et fenêtres qui manquaient. S’ils le disent, peut-être que c’est vrai. Mais je n’en suis pas l’auteur.»
Pour confirmer sa bonne foi, le prévenu dit avoir même entrepris des travaux avec ses propres moyens. «Il n’y avait que 3 chambres dans la maison, tout le reste a été fait par moi. Dans chacune des chambres, il manquait une porte et une fenêtre. J’ai repris ces installations. J’ai ajouté au moins 15 chambres dans la maison», a-t-il indiqué à l’intention du Parquet. Sa bonne foi en bandoulière, Mbaye Ndiaye poursuit : «Svp, ne me dites pas que j’ai emporté les équipements. J’étais malade et hospitalisé. C’est à ma sortie que j’ai noté ces manquements, mais je n’étais pas là au moment du déménagement. Je n’ai jamais accepté qu’il y ait des choses à emporter dans ma maison.»
Mais, l’avocat de la partie civile, Me Ndoumbe Wane, ne voit pas les choses de la même manière que Mbaye Ndiaye. «Je suis mal à l’aise parce qu’à la barre, on a un ancien ministre. Lui-même vous dit avoir repris la maison. Il dit l’avoir occupée avec toute sa famille. J’ai eu à tiquer lorsqu’il a dit avoir construit d’autres chambres pour le logement. Mais, en quittant, il a tout emporté. C’est un devis de 43 millions que la Sogepa a déposé», a-t-elle soutenu. Selon la robe noire, la Sogepa n’est pas là pour battre monnaie. «Elle demande tout simplement le montant du devis pour entamer les travaux», a-t-elle réclamé.
D’après le procureur, il ne devrait pas comparaître devant la barre pour ce genre d’infraction. A en croire le maître des poursuites, Mbaye Ndiaye devait sortir et il n’avait pas accepté cette situation. «Il a logé dans la maison pendant 12 ans. Aprés la perte du pouvoir, il était démis de ses fonctions. Il n’était pas content. En partant, il s’est pressé d’apporter les chaises anglaises et les portes. L’appartement appartient à l’Etat. Pour une personnalité de son rang, il devait agir autrement», regrette celui qui a requis sa condamnation avecune amende d’1 million F.
Selon Me Antoine Mbengue, avocat de la défense, la Sogepa a fait un devis unilatéral concernant ce manquement. «Il vous dit qu’il se trouvait à l’hôpital au moment du déménagement, mais il vous dit aussi qu’il endosse tout puisqu’il est le chef de famille. Aucun élément de ce dossier ne dit qu’il a enlevé les équipements», a soutenu l’avocat, qui demande sa relaxe. Abondant dans le même sens, Me Amadou Sall pense que l’imputabilité pose problème. Selon lui, «rien ne dit que c’est Mbaye Ndiaye qui a enlevé ces équipements». «Et comme la responsabilité pénale est individuelle», il a plaidé aussi pour sa libération. «Mbaye Ndiaye n’a pas besoin d’enlever les portes et les chaises anglaises après son départ pour les amener aux Almadies où il réside présentement. Cela tombe de sens», soutient l’avocat. En tout cas, l’ancien ministre de l’Intérieur sera édifié le 8 janvier prochain.
justin@lequotidien.sn




