De Gagué Chérif à Dantakhoune en passant par Thiamène Keur Souleymane et Diossong dans le département de Foun­diougne, les écoliers, malgré le retrait du Programme alimentaire mondial (Pam) en 2014, continuent de bénéficier d’une bonne alimentation. Mais ici, la spécificité est qu’elle est essentiellement basée sur des denrées locales, issues des contributions volontaires des populations pour alimenter ce que l’on appelle le «grenier scolaire». Une trouvaille qui ne manquera pas de faire des émules à travers le pays.

Le «grenier scolaire». Voici un concept novateur qui est en train d’être expérimenté dans le département de Foundiougne pour assurer l’alimentation des écoliers. Il consiste de la part des parents d’élèves à faire des con­tributions volontaires en denrées alimentaires locales (mil, arachide, riz, niébé, entre autres) pour faire fonctionner les cantines scolaires. Cette expérience est née en 2014 dans un contexte marqué par le retrait du Programme alimentaire mondial (Pam), partenaire stratégique de l’Etat du Sénégal dans le cadre de l’alimentation scolaire. «Devant cette difficulté, nous nous sommes rencontrés entre directeurs d’école et, avec l’Inspecteur de l’éducation et de la formation (Ief), nous avons pensé que la population, par rapport aux réalités du milieu, peut prendre en charge l’alimentation scolaire, ne serait-ce que partiellement», renseigne le responsable des cantines scolaires à l’Ief de Foundiougne, Matar Diassé.
A en croire toujours M. Diassé, la mise en place de ce grenier scolaire répond de leur part à une volonté de rompre avec la politique de la main tendue. «Le grenier, c’est quelque chose qui se construit, qui se consolide. C’est l’affaire de tout le monde. Même le plus petit enfant, qui vient au champ avec son bidon d’eau, donne sa partition. Donc, nous avons voulu que l’approche soit participative, inclusive et essentiellement basée sur le volontariat», a fait savoir M. Diassé. C’est dans cet ordre d’idées que les femmes, organisées en différents groupes, se relaient chaque jour à l’école pour préparer à manger aux élèves. Nonobstant un manque criard de matériel, notamment des ustensiles de cuisine destinés exclusivement à la cantine.
Seulement, il faut noter que d’une école à une autre, on retrouve des formats différents. Si par exemple à Gagué Chérif, où est née l’expérience, les populations font pour le moment uniquement des contributions volontaires en denrées alimentaires locales, à Thiamène Keur Souley­mane par contre, c’est un champ de riz qui est cultivé par la communauté, en plus de la contribution en denrées.
A Dantakhoune, dans la commune de Nioro Alassane Tall, les populations, elles, associent un jardin scolaire, un poulailler et des champs communautaires, avec toujours les contributions en denrées alimentaires locales.
A Diossong, où l’implication du maire Momath Touré a été particulièrement saluée par les différents acteurs, l’existence du grenier scolaire a permis comme partout ailleurs de booster les résultats scolaires qui, selon le directeur d’école, El Hadj Wade, sont passés d’environ 50 à plus de 81%.
Lors de la tournée qu’il a récemment effectuée dans ces différentes écoles en compagnie de l’Ief de Foundiougne, Dame Touré, pour s’imprégner de ce nouveau concept, l’Inspecteur d’académie (Ia) de Fatick s’est dit séduit par cette innovation. Aussi, Mamadou Niang a-t-il émis le souhait de voir cette expérience étendue au niveau des autres Ief de l’Académie, à savoir Diofior, Fatick et Gossas.
Par ailleurs, il a invité les autres collectivités territoriales à s’inspirer de l’exemple de Diossong, en appuyant davantage les écoles dans cette initiative, notamment en mettant des terres à la disposition des populations locales pour l’exploitation de champs communautaires qui serviront à faire fonctionner correctement les cantines scolaires.
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