L’Assemblée nationale relève des «incohérences» dans la décision de l’Union interparlementaire qui a noté une «politisation» de l’affaire Khalifa Sall.

L’affaire Khalifa Sall est «politique» et comporte de «sérieux vices» dans la procédure. Ces critiques formulées par l’Union interparlementaire (Uip) ne pouvaient rester sans réplique de la part de l’Assemblée nationale du Sénégal, accusée par l’organe basé à Genève d’avoir violé les droits du député et ex-maire de Dakar. Dans un communiqué, Moustapha Niasse et Cie trouvent «singulière cette prétention d’émettre un jugement sur des faits sans en prendre connaissance». Le Parlement sénégalais écarte toute «politisation» dans l’incarcération de Khalifa Sall. «L’Assemblée nationale laisse au Comité de l’Uip la responsabilité de s’approprier la version unilatérale de M. Sall qualifiant le dossier de politique. On le sait, la procédure sur cette affaire a commencé en 2015 et a suivi son cours normal jusqu’à l’inculpation et la mise en détention de l’intéressé en mars 2017, soit 4 mois avant les élections législatives. C’est donc en connaissance de cause que ses soutiens politiques ont décidé de sa candidature à ces élections», contre-attaque le Parlement sénégalais, qui déplore les «dérives interprétatives du Comité des droits de l’Homme de l’Uip sur une décision de justice d’un pays souverain».
Dans sa décision adoptée à «l’unanimité» lors de sa 203ème session à Genève, l’Uip regrette l’absence de réponses à ses demandes d’informations sur la nature des faits reprochés à Khalifa Sall. «Le 23 janvier 2018, l’Assemblée nationale a communiqué à l’Uip toutes les informations en sa possession, en particulier celles contenues dans la procédure ayant abouti à la levée de l’immunité parlementaire de M. Sall. Cependant, dans un Etat de droit régi par la séparation des pouvoirs comme le Sénégal, l’Assemblée nationale n’est pas en mesure de fournir des informations détaillées», se défend l’Assemblée nationale.
Le pouvoir législatif critique par ailleurs, «l’incohérence manifeste» de l’Uip qui exprime, «après avoir pris fait et cause» pour Khalifa Sall, «son souhait d’obtenir des informations à cet égard de la part des autorités parlementaires afin de mieux comprendre la teneur des allégations». Quant aux attentes concernant l’examen du pourvoi formé par l’ancien maire de Dakar devant la Cour suprême, l’Assemblée nationale se dit convaincue que la justice «remplira son office dans le respect scrupuleux de la règle de Droit».
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