Le vote du budget du ministre de la Communication a passionné les députés. Pendant plus de 6 heures de discussions, ils n’ont pas réussi à accorder leurs violons sur plusieurs points notamment la gouvernance de l’internet, le fonctionnement de la Rts.

Les députés de l’opposition et de la mouvance présidentielle avaient hier des positions antagonistes sur la gouvernance des réseaux sociaux. Les premiers nommés se battent pour le maintien des réseaux sociaux alors que des éléments de Bby ont émis le souhait de les voir carrément être supprimés. Alors que les autres proposent des garde-fous pour éviter les dérives. Quel scénario ! Selon les parlementaires de la majorité, «il n’est pas normal que des gens se réfugient derrière les réseaux sociaux pour insulter les autorités, les chefs coutumiers et les chefs religieux». En guise de rappel, le député Nagor Seck informe ses camarades de la majorité qu’ils avaient brouillé les réseaux quand il était question de faire partir nuitamment Karim Wade de la prison de Rebeuss : «Vous pouvez brouiller tous les réseaux du Sénégal, et du monde mais vous ne pourrez pas brouiller l’esprit des Sénégalais.» cet avis est partagé par Mame Diarra Fall et Marie Sow Ndiaye. «Si vous bloquez les réseaux sociaux pour empêcher les Séné­galais d’exprimer leurs sentiments, ils trouveront d’autres moyens comme la rue pour se faire entendre.» Mamadou Diop Decroix en rajoute une couche : «C’est le président de la République en personne qui avait encouragé l’utilisation des réseaux sociaux en 2011.» «Mais, les gens mettent tout dans les réseaux sociaux», réplique Juliette Zinga du pouvoir. Autant les réseaux passionnent les parlementaires, autant le fonctionnement de la Rts les intéresse. Et il horrifie l’opposition, qui parle d’un média mis au service du chef de l’Etat. «Chaque jour, c’est 30 mn pour Macky, 15 mn pour le Pm et 10 mn pour les autres», s’est offusqué Nagor Seck. Mame Diarra Fall l’appuie : «La Rts est un patrimoine national et elle doit revoir sa communication, suggère-t-elle, au lieu de tout fermer.» Quid de l’Aps ? «C’est une agence respectable, mais on veut la tuer, il faut les respecter», conseille M. Decroix.
Sous les feux des interpellations, Abdoulaye Baldé tente de rassurer à sa manière : «Le président de la République nous a donné des instructions pour la restructuration et la modernisation de l’Aps. Nous avions doté en cours d’année 250 millions pour terminer l’année. En 2019, nous allons doter l’Aps de 692 millions de francs. Au fur et à mesure nous allons agrandir les moyens en fonction de l’engagement de la direction.» Et la marche de la Rts qui surexpose les activités du président de la République ? «C’est normal. Le Président est une institution et ses activités en tant qu’institution doivent être couvertes par la Rts. Il a beaucoup inauguré et c’est normal qu’on en parle jusque dans les détails. La Rts a l’obligation de couvrir les activités du président de la Répu­blique. Elle prend en compte la diversité. Il y a une bonne couverture du territoire et la Rts prend aussi en compte la diversité culturelle.» Sur la gouvernance des réseaux sociaux, il reprend le refrain du Président Sall : «Ce fait affecte et impacte les enfants. C’est une urgence pour nous de les protéger. Un plan d’actions élaboré est en cours et va permettre de sécuriser ce canal. Nous allons renforcer avec un code. Il faut réguler le secteur au profit du pays.»
Dans quelques mois, l’Etat mettra en place une Haute autorité de régulation de la communication et de l’audiovisuel. Le budget du ministère de la Communication a été arrêté à la somme de 28 056 604 939 francs, contre 15 388 696 100 en 2018 soit une hausse de 12 milliards 667 908 837 francs en valeur absolue et 82,32% en valeur relative.
justin@lequotidien.sn