La Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées (Fsaph) a fait le point sur la mission d’observation pour l’inclusion sociale lors de l’élection présidentielle du 24 février dernier. Elle a relevé beaucoup d’obstacles physiques, un manque d’information et une absence de logistique, empêchant certaines personnes handicapées d’accomplir leur droit de vote.
Les personnes handicapées ont encore éprouvé des difficultés pour accéder aux alentours, dans les centres de vote et même à l’intérieur des bureaux de vote. «Essentiellement, ce sont les écoles qui abritent les centres de vote et la majeure partie est sablonneuse. Ce qui ne facilite pas la mobilité des personnes handicapées», déplore Yatma Fall, président de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées.
Il souligne aussi que lors de la campagne électorale, il n’y a pas eu d’interprètes en langue des signes. Une situation regrettable qui ne favorise pas le choix de l’offre politique, surtout chez les malentendants. Il en est de même pour les malvoyants qui n’avaient pas eu la chance d’avoir des bulletins en braille. Il est vrai que l’article 80 du Code électoral permet à ces personnes de se faire assister par un accompagnant, «mais ce même article viole le secret du vote», constate M. Fall. Pis, relève-t-il, le vote de la personne aveugle «peut être trahi par l’accompagnant». Autant d’entraves qui, selon Yatma Fall, portent atteinte aux droits de la personne handicapée.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que la Fsaph organise une mission d’observation pour l’inclusion sociale pour une élection. Lors des élections législatives passées, elle avait soulevé les mêmes complaintes. Mieux, elle avait formulé des recommandations qui, selon Yatma Fall, sont restées sans suite. «C’est comme si nous sommes en train de régresser», s’étonne-t-il.
Mais la Fsaph ne désespère pas. Elle compte déposer encore un rapport d’ici un mois. Cette fois-ci, elle préfère le remettre en main propre au ministre de l’Intérieur avec toutes les difficultés rencontrées et les recommandations.
La Fsaph pense déjà aux élections locales et envisage d’expérimenter des bureaux-tests, accessibles dans les 6 000 bureaux de vote que compte notre pays. Ces bureaux seront équipés de lunettes intelligentes pour les malvoyants. «Une astuce qui va permettre aux personnes aveugles de voter pour le candidat de leur choix sans se faire assister», indique le président de la Fsaph. Et Khady Ba de l’Ong Sightsavers de demander à l’autorité déjà présente de prendre toutes les mesures nécessaires pour la réalisation de ce dispositif.
La Fsaph déroule ces activités dans le cadre du projet participation politique et citoyenne des personnes handicapées qui est dans sa troisième année. La mission a sillonné tout le territoire qu’elle a divisé en 4 pôles avec les régions de l’Ouest, du Nord, du Centre, de l’Est et du Sud. Elle a interrogé 150 personnes handicapées.
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