Ce samedi, le Grand Théâtre national a refusé du monde. Les diongoma, drianké et autres ndiégamar de Dakar ont répondu en masse à Assane Ndiaye qui fêtait l’anniversaire de ses 16 ans de carrière. Fidèle à ses propos, l’artiste n’a pas lésiné sur les moyens pour obtenir le satisfecit de son public composé de Sénégalais et Gambiens. De nombreux artistes et lutteurs ont été invités, plus de 10 morceaux joués, l’heure respectée, le public réjoui… Et, Assane Ndiaye repart avec deux colliers de dollars et des enveloppes bien garnies.

Ce samedi au Grand Théâtre c’était une histoire de grandes dames. Assane Ndiaye et son groupe le Ngeweul gui ont fêté leurs 16 ans de carrière en grande pompe. Introduit par la voix de la diva, Kiné Lam, l’artiste entrait sur scène aux environs de 23h 26 minutes. Vêtu d’un grand boubou Palmane marron, brodé de fil or, rehaussé de marakiss. Il s’assied sur un fauteuil installé sous une tente décorée comme dans une cour royale, et prend ses aises à côté de sa reine,  ses danseurs, des faux lions, son tiakkaba et sa bande de musiciens. Assane Ndiaye débute modestement, avec une chanson très connue de Ndiouga Dieng, Dé mo woor (Ndlr : la mort est inéluctable). Après cet hommage rendu à l’icône de la musique sénégalaise décédée en début novembre dernier, l’auteur de Yaye Nogaye poursuit avec un autre titre.
Le décor remplacé, l’artiste apparait dans un bazin blanc angélique et  accueille Kiné Lam et Maty Thiam Dogo qui lui ont chanté avec le public un spécial «joyeux anniversaire». Ce fut dès les premiers instants, des tonnerres d’applaudissements  de ce public composé majoritairement de femmes d’âge mûr, des Sénégalaises et de Gambiennes. Ces dernières, séduites par les talents de l’artiste qui a débuté, il y a 16 ans sa carrière musicale dans leur pays, tendent fièrement leurs drapeaux. «Assane Ndiaye nio ko mom» (Ndlr, Assane Ndiaye est à nous) les entend-on revendiquer fièrement. Heureux que leur pays ait retrouvé la voie de la paix, Gambiens et Gambiennes dansent aux rythmes du mbalax. Du côté des Sénégalais aussi, de charmants commentaires sont lancés à l’endroit de l’artiste : «Assane mo beury dollé», «Assane yalnala tiat sekhlou» (Ndrl : Assane Ndiaye est très vigoureux, Que Dieu te préserve du mauvais œil…) entendait-on certains crier à tout bout de champ. Au fil de sa prestation, Assane Ndiaye a revisité des chansons issues de son répertoire musical, dont les plus connues : Diamalé, Soubaly ; Ndioukeul… Yaye Nogaye…

La fausse note Viviane Chidid
Au cours de cette soirée, il y a eu plein d’artistes et de lutteurs (dont Yekini) venus témoigner à Assane Ndiaye leur amitié.  Le public a largement apprécié la partition de la famille Seck à cette soirée et celle des autres invités à l’instar de Mapenda Seck, Ousmane Seck, Kéba Seck, Seydina Ndiaye (frère de Assane Ndiaye), Mame Goor Jazaka, Daba Seye, Mbaye Dièye Faye, Ngoné Ndiaye Geweul… qui se sont donnés le micro à tour de rôle, chantant les mérites de Assane Ndiaye, «C’est un frère, quelqu’un de très effacé et humble. Sa grandeur d’âme est légendaire «Nitt kou baakh leuh» répétaient-ils, chacun après son passage. Au rang des inconditionnels de Assane Ndiaye, Viviane Chidid a tenu aussi à marquer sa présence. Sauf que sa prestation a laissé le public de marbre. D’une voix enrouée, l’auteure de No stress, cherchait son souffle qui bizarrement n’était pas au rendez-vous ce samedi. Tentant de sauver les apparences Mbaye Dièye Faye viendra à son appoint. Mais son seul refrain était «Assane Ndiaye, Sénégal Ndiaye Ngaïndé Ndiaye».

Pari réussi
Cet impair n’a en rien entamé  la détermination de Assane Ndiaye à satisfaire son public. Après quelques séances de battré (distribution d’enveloppes d’argent), l’artiste poursuivra sa soirée, sous la hantise de l’heure. Montre au poignet, il surveillait l’heure, mais heureusement pour ses fans, le destin avait déjà joué en sa faveur. Assane Ndiaye avait écoulé plus d’une dizaine de chansons. Ragaillardi par les deux colliers bien garnis en billets de banque que le comédien Yéro lui avait mis autour du cou, il jouait «no stress » (sans stress). A 2h pile, avant même que les rideaux ne soient tirés, le public a plié bagage. A la sortie, chacun ruminait la belle soirée à laquelle il venait d’assister. Le cœur comblé de joie. Le Ngueweul gui a réussi son pari !
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