Dakar abrite depuis hier un atelier de sensibilisation sur la normalisation et la certification des produits halal au cours duquel des acteurs ont plaidé pour une harmonisation des normes, afin d’éviter que le concept halal ne soit utilisé par certaines firmes comme un simple slogan pour booster leurs ventes.

Les organismes de certification de produits et services halal poussent comme des champignons. «On constate qu’il y a plus de 300 organismes certificateurs dans le monde. Et chacun opère selon son référentiel», regrette le secrétaire général adjoint de l’Institut de normalisation et de métrologie pour les pays islamiques (Smiic en anglais). Ce qui, d’après Lotfi Ben Said, doit être corrigé. «Le halal est une question de business, mais le business doit s’appuyer sur un socle solide, afin de prendre la route. Je dirai que le halal est une question purement musulmane, donc elle doit être détenue par des musulmans en appliquant des normes du Smiic, qui est la plateforme qui regroupe la majeure partie des pays membres de l’Oci (l’Organisation de la coopération islamique). Pour certifier une entreprise sur le terrain, notre référence doit être unique. Nous devons unifier les efforts», a suggéré hier le Sga du Smiic à l’ouverture de l’atelier de sensibilisation sur la normalisation et la certification des produits halal. Cette rencontre de deux jours vise à vulgariser l’importance du marché halal, mais également proposer des solutions face aux difficultés auxquelles l’industrie halal est confrontée.
«Nous proposons comme solutions d’harmoniser les normes de certification. C’est indispensable», soutient le directeur exécutif du Salon international du business musulman (Sibm). Djibril Guèye juge ainsi nécessaire d’avoir moins d’agents certificateurs, moins de logos. Pour ce faire, il préconise «de converger vers un même logo, une même certification, une même accréditation. Tous les membres de l’Oci qui travaillent pour le Smiic peuvent aller en ce sens. C’est bien possible suivant les évolutions que nous notons sur l’harmonisation des instruments».
Dans le même sillage, le Pr Khadiyatoulah Fall a, lui aussi, lancé quelques remarques. Des remarques de prudence sur la certification halal qui, à ses yeux, constitue aujourd’hui un espace concurrentiel, car les agences de certification venant se bousculer au portillon et ce ne doit pas être un espace d’amateurisme. De l’avis du président du Sibm, le halal «demande des compétences, un savoir-faire, un espace multidisciplinaire d’expertise et les compétences pour un suivi rigoureux qui assurent la crédibilité, surtout sur le marché international».
Le marché mondial du halal ne cesse de croître. Il est estimé en 2017, selon le ministre du Commerce et des Pme, Assome Aminata Diatta, «à plus de 2 100 milliards de dollars avec un taux d’accroissement annuel de 15% et des prévisions de l’ordre de 4 000 milliards de dollars en 2023».
En Afrique, le business halal en croissance est estimé à 155 millions de dollars et place le continent au second rang mondial après l’Asie, d’après les statistiques fournies par le ministère du Commerce. Ce business est donc, d’après les experts, une aubaine pour les pays de l’Afrique qui cherchent à accélérer leur croissance économique, comme en témoignent les initiatives récentes à l’exemple de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).