Serigne Babacar Sy Mansour a annoncé la relance des travaux de la Grande mosquée de Tivaouane en prévenant par contre qu’il «n’acceptera pas d’argent sale ou mal acquis» pour parachever le lieu de culte.

C’est l’annonce forte de la 118e édition du Gamou de Tivaouane. Le khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, a fait savoir aux talibés la relance des travaux de construction de la Grande mosquée de Tivaouane à l’arrêt depuis plusieurs années. C’était ce jeudi, au cours de la clôture de la Bourda. Il dit : «La finition des travaux de la Grande mosquée est un sujet qui préoccupe tous les talibés depuis de nombreuses années, mais Dieu a fait que nous venons d’avoir la solution définitive pour l’achèvement de ces travaux. Lesquels vont être redémarrés dans les prochains jours. J’en ai discuté avec la famille et nous tous, unanimement, avons pris la décision d’une reprise en main du chantier.» Et d’appeler «la contribution de tous les fidèles.» Il est d’avis que «si le projet de finition de cette mosquée est portée par tous les disciples, aucun doute sa concrétisation sera assurée». Mais il a tenu à préciser que «toutes les contributions ne seront pas les bienvenues. Et sur la question, nous serons très exigeants». Il reste catégorique : «C’est de la construction d’une mosquée dont il s’agit. Et nous n’accepterons pas d’argent sale ou mal acquis pour le financement de ces travaux de finalisation.» Selon lui, «il n’y a que l’argent licite qui est demandé». Aussi, il a demandé aux «potentiels contributeurs à la vigilance» afin qu’ils ne soient pas «les victimes d’éventuels faux collecteurs agissant sous leur propre compte. Il faut que ça soit très clair. Nous n’avons demandé à personne d’aller demander de l’argent au nom de la Grande mosquée. Ni président de dahira ni imam, encore moins qui que ce soit». Et à ce titre, il fera savoir qu’il n’a pas encore «désigné de collecteurs attitrés». Par conséquent, insiste-t-il, «les contributeurs se doivent d’être sur leur garde pour ne pas se laisser berner par des escrocs prompts à se lancer dans des pratiques peu orthodoxes pour profiter de ces genres d’initiatives, aussi louables soient elles». Dans ce cadre, il a annoncé la mise en place d’un comité pour une gestion transparente des fonds. Lesquels fonds seront utilisés à bon escient.

La Grande mosquée et les promesses non tenues de Macky
Pourtant, le 20 décembre 2015, le Président Macky Sall, lors de l’inauguration du complexe multifonctionnel Seydi El Hadj Malick Sy érigé dans le cadre de la modernisation de Tivaouane, avait promis la finition des travaux de la Grande mosquée de Tivaouane. Il avait déclaré : «Rien n’est assez grand pour la ville de Tivaouane. Ceci n’est que le début, mais mes intentions pour la ville dépassent largement ce programme et je compte faire plus.» A ce propos, il avait confié avoir donné des instructions pour l’étude de la construction de l’autoroute Thiénaba-Tivaouane-Saint Louis d’un coût de 80 milliards pour un délai de 20 mois. Seulement, le chef de l’Etat ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Il avait fait une promesse qui a plongé la salle dans une grande liesse : «J’ai également l’intention de continuer les travaux de la Grande mosquée de Tivaou­ane.» Une annonce qui avait soulevé un concert de «djereudjeuf» des fidèles qui lui avait promis un second mandat. Mais jusque-là, les propos du chef de l’Etat ne sont restés que des promesses. D’ailleurs, il n’en a plus reparlé.

De El Hadji Aziz Sy Dabakh à Serigne Babacar Sy Mansour
Les travaux de réhabilitation et de rénovation de la Grande mosquée de Tivaouane avaient dé­marré en janvier 1979, sous le khalifat de Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh. Le marabout de Diacksao avait décidé d’engager les travaux de réhabilitation de ce sanctuaire qui, avec la zawi­ya, sont les deux seuls patrimoines bâtis légués par le fondateur de la branche de la Tidiania, adossée à Tivaouane. Après le rappel à Dieu du vénéré khalife Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, son successeur Serigne Mansour Sy Borom Daara-yi a pris le relais. Le credo ayant été pour ces deux guides religieux de ne s’appuyer que sur la souscription volontaire des disciples et fidèles croyants pour financer le chantier. C’est à ce titre qu’ils ont décliné l’offre de l’Arabie Saoudite consistant à achever les travaux.
Aujourd’hui, même si ces travaux ont connu un arrêt de quelques années, le constat est qu’à l’intérieur tout est presque fin prêt, de même que pour les gros œuvres. Ce qu’il reste à faire, c’est au niveau du minaret, entre autres travaux de finition. Des chantiers que l’actuel khalife et les dignitaires de la famille Sy ont décidé de finaliser dans les meilleurs délais. Et cela, dans le respect des normes premières prescrites par ses prédécesseurs relatives au financement, la souscription volontaire et de l’argent honnêtement acquis.