Phagocytée par l’Apr dans Benno bokk yaakaar, l’Afp a perdu en poids politique depuis 2012. Espoir d’une jeunesse le 16 juin 1999, le parti de Moustapha Niasse entretient aujourd’hui le progrès du président de la République.

L’Alliance des forces de progrès (Afp) a soufflé sa 21ème bougie hier. L’Appel du 16 juin 1999, prononcé par Moustapha Niasse rompant les amarres avec le Parti socialiste, aura suscité l’espoir d’une génération avide de changement après 40 ans de régime socialiste. 21 ans plus tard, Moustapha Niasse et Cie semblent avoir mis entre parenthèses leur idéal de conquête du pouvoir. Comme le Ps, il est difficile aujourd’hui de connaître le poids politique réel des Progressistes. Après ses échecs aux élections présidentielles de 2007 et 2012, l’Afp apparaît comme une aspirine jetée dans un verre pleine d’eau qui s’appelle Benno bokk yaakaar. Cette allégeance au Président Macky Sall lui vaut quelques strapontins : un poste de ministre, 6 députés, une poignée de hauts conseillers et quelques membres au Conseil économique, social et environnemental. Son leader, président de l’Assemblée nationale depuis 2012, a-t-il bradé le parti ? «Aujourd’hui, président de l’Assemblée nationale, la deuxième institution de notre pays, secrétaire général de l’Afp, Moustapha Niasse et le parti assument totalement leur engagement au sein de la grande majorité présidentielle, tout en gardant leur identité en tant que composante moulée dans des péripéties d’une histoire récente, palpitante et exaltante», répond l’Afp dans un communiqué célébrant l’anniversaire de l’Appel du 16 juin.
De près de 17% lors de la Présidentielle de 2000, Moustapha Niasse a chuté à 5% en 2007 avant de se retrouver avec plus de 13% en 2012, mais sous la bannière de la coalition Benno siggil senegaal. Mais ce statut de candidat de «l’unité et du rassemblement» n’a fait que confirmer son «génie» de faiseur de roi. Depuis, le parti semble avoir épousé les ambitions de son chef. A 80 ans, Moustapha Niasse ne peut plus prétendre à occuper le Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor. «A la tête des responsables et des militants du parti au capital moral inaltérable, Moustapha Niasse continuera à se battre généreusement pour des idéaux et des principes pérennes, pour un développement concerté, dans le cadre des valeurs du Sénégal éternel», écrivent pourtant les Progressistes. Au détriment du parti dira-t-on parce que dès le 10 mars 2014, le Bureau politique prononce sa décision de voter en faveur de Macky Sall à la Présidentielle, étouffant ainsi toutes velléités de candidatures en son sein.
Une décision qui consolide la coalition Benno bokk yaakaar, mais affaiblit les rangs Progressistes. Malick Gakou, Mata Sy Diallo, Malick Guèye, Mamadou Goumbala, entre autres, sont exclus. Ils sont coupables du délit de s’opposer à la ligne du parti en demandant à avoir un candidat à la Présidentielle de 2019. L’Afp sera suivie dans cette dynamique plus tard par son rival historique, le Ps, sous la houlette de feu Ousmane Tanor Dieng. 21 ans plus tard, l’Afp existe toujours, mais son mariage avec l’Apr a affaibli l’influence de ce parti faiseur de roi en 2000. «Née dans la résistance, ayant grandi dans le combat, l’Afp continuera de s’insérer dans le mouvement historique, auprès des populations sénégalaises et des intérêts stratégiques de notre pays, dans la résilience, sans paresse, avec un devoir de profondeur dans l’analyse face à des données qui évoluent souvent avec célérité», disent Moustapha Niasse et ses camarades. Pour l’instant, l’Afp entretient l’espoir de Macky Sall.