Le prévenu Alassane Sall a été reconnu coupable hier d’escroquerie et d’abus de confiance par le Tri­bunal des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar. Il a été condamné à un mois de prison ferme. Il avait vendu des terrains à la dame Khady Sèye qui sont par la suite revendues à d’autres.

La prison est devenue sa deuxième demeure. Après trois séjours carcéraux à la prison de Reueuss, le prévenu Alassane Sall y est retourné pour encore un mois. En effet, comme lors de ses dernières incarcérations, il a eu des démêlés judiciaires pour une histoire de spéculation foncière. Sénégalaise vivante en France, la plaignante Khady Sèye a acquis 6 parcelles de terrain à Malika auprès du nommé Alassane Sall pour un montant de 15 millions de francs Cfa. Son rêve d’avoir un toit à Dakar après des années d’économie est loin d’être réalisé, malgré les sommes versées.
Lors  d’un séjour au pays natal, la dame a été surprise de constater que 4 de ses parcelles ont été revendues à des tiers. Pas question pour elle d’abandonner facilement cette affaire de la sorte après de durs labeurs dans le froid de l’Hexagone. Une plainte a été déposée contre son acquéreur au commissariat d’arrondissement de Malika.
Hier, à la barre, Alassane et son grand frère sont revenus sur leurs manœuvres. Le prévenu Alassane Sall a déclaré : «C’est mon frère Seydina Issa Sall qui a pris les quatre parcelles qui appartenaient à la dame Khady Sène et les a cédées à d’autres personnes à qui je devais des parcelles.» Dans ses aveux, M. Sall s’est enfoncé davantage. Il dit : «Je précise également que les deux autres parcelles appartenant à Khady Sène n’existaient que de nom. Je lui avais vendu des terrains fictifs matérialisés par des faux actes de cession.» Le mis en cause soutient aussi avoir reçu mandat de son papa, alors que ce dernier était encore en vie, de procéder à la vente de ces terrains.
Interrogé, son grand frère, Seydina Issa Sall, a reconnu avoir revendu les terrains. Il a dit avoir «agi ainsi pour désintéresser les personnes à qui Alassane Sall avait vendu des parcelles litigieuses. Je voulais seulement aider mon jeune frère», s’est-il défendu.
Faute de matérialisation de cette procuration qui lui confère le droit de la vente, le procureur a estimé que les faits d’escroquerie sont établis. Poursuivis tous les deux pour escroquerie, mais aussi pour abus de confiance contre Alassane Sall, les prévenus ont vu le maître des poursuites demander la disqualification des faits d’abus de confiance en escroquerie. Le représentant du ministère public a sollicité la peine de 6 mois assortis du sursis contre les deux.
La partie civile n’a pas souhaité réclamer des dommages et intérêts. Parce que, dit son avocat, «des propositions de remboursement sont en train d’être faites».
La défense a plaidé la relaxe au bénéfice du doute pour Seydina qui est «étranger à cette affaire». Pour le cas de Alassane Sall, son conseiller a demandé une application bienveillante de la loi.
Le Tribunal a finalement condamné le dernier nommé à un mois de prison ferme. Son grand frère a été libéré.
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