Pour résoudre le problème du manque d’énergie de cuisson propre dans le pays, le ministre de l’Energie a procédé, jeudi, au lancement de la «Stratégie nationale des combustibles de cuisson propre et des carburants 2025-2035». Cette initiative, financée avec le concours de la Coopération allemande (Giz), vise à «faire face au déficit d’accès à une énergie de cuisson propre et à la bioénergie au Sénégal». Car, selon Birame Soulèye Diop, les énergies utilisées dans les ménages au Sénégal posent un problème de sécurité énergétique et de santé. «Les combustibles ligneux (bois de chauffe et charbon de bois) occupent 42% de l’énergie finale utilisée par les ménages sénégalais, posant un enjeu crucial pour la sécurité énergétique, la santé publique et la lutte contre les changements climatiques», a-t-il fait savoir.

D’après le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, qui présidait la cérémonie d’ouverture de cet atelier qui a réuni «les acteurs-clés du sous-secteur des combustibles domestiques, des décideurs, des partenaires au développement», il ressort d’une enquête nationale sur les consommations des ménages en combustibles domestiques faite en 2024 que «43% des ménages sénégalais n’ont pas accès aux énergies et technologies de cuisson propre». A l’en croire, «les résultats agrégés de ladite enquête font apparaître des consommations nationales annuelles d’1 million 601 mille 631 tonnes pour le bois de chauffe, 744 mille 703 tonnes pour le charbon de bois et 253 mille 508 tonnes pour le gaz butane». Le ministre trouve ainsi que l’utilisation traditionnelle de la biomasse génère une fumée nocive que les usagers respirent, causant ainsi «des décès prématurés de femmes et d’enfants qui sont particulièrement les plus exposés». La cuisson elle-même, explique Birame Soulèye, «a une incidence négative sur la productivité, à cause des heures passées à aller chercher du bois ou d’autres sources de combustibles, avec pour conséquence des coûts économiques exorbitants dans les zones rurales. De plus, les méthodes de cuisson rudimentaires accentuent la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre».

C’est pourquoi, indique-t-il, «ces chiffres dessinent clairement les tendances suivantes :  une substitution croissante du Gaz de pétrole liquéfié (Gpl) aux produits ligneux (bois et charbon de bois) tant en milieu urbain que rural ; une saturation progressive du taux d’usagers du Gpl à Dakar (99%) avec une prépondérance de son choix comme combustible principal (86%), notamment au détriment du charbon ; une domination de la consommation finale de bois de feu au niveau national, mais qui s’amenuise en passant de 61% en 2013 à 45% en 2024 dans la consommation finale des énergies de cuisson des ménages».

Il précise que les difficultés d’accès aux services énergétiques modernes touchent particulièrement les femmes qui représentent 49, 4% de la population, et «les affectent de manière disproportionnée. Ce qui fait qu’elles sont contraintes de consacrer de longues heures à la collecte du bois, une activité qui impacte négativement leur santé et leur capacité à développer des activités économiques».

D’ailleurs, ce sont près de 42 millions de personnes dans le monde qui souffrent de l’insuffisance de l’énergie de cuisson propre.

Suffisant pour que les acteurs initient cette stratégie en vue d’apporter des solutions d’ici 2035. «Le  nombre effarant de personnes qui succombent chaque année du fait de la pollution inhérente à la cuisson et aux importantes émissions de Co2 doit nous amener à mieux penser au bien-être de la femme», a-t-il reconnu.

Cependant, Birame Soulèye Diop a tenu a préciser que devant cette urgence, «le Sénégal a adopté des politiques axées sur la souveraineté énergétique et la transition écologique, en mettant en œuvre des initiatives telles que le Programme national biogaz domestique (Pnb-Sn) et le programme Energising development (EnDev)».

Mais malgré les succès enregistrés, la problématique de l’accès aux combustibles modernes de cuisson se pose avec acuité et demeure un défi de taille.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn