Le Sénégal est à la traîne sur la part de marché des femmes dans la Commande publique. C’est ce que révèle le rapport d’étape du Women entrepreneurs finance initiative (Wefi). Qui est un projet qui vise à rectifier le tir. 

Par Malick GAYE – En 2017, les marchés publics représentaient 17% du Pib au Sénégal, tandis que les femmes représentent 31% des propriétaires d’entreprises. Un constat qui constitue une importante source de débouchés pour les Petites et moyennes entreprises (Pme). Malgré ce potentiel, on estime qu’à l’heure actuelle, les femmes entrepreneures ne fournissent qu’1% des marchés publics dans le monde. C’est ce qui a motivé la mise en œuvre du projet Women entrepreneurs finance initiative (Wefi). Il a pour objectif de contribuer à la croissance des Pme gérées par les femmes (Pmef), en améliorant leur accès aux marchés publics, entre autres, ainsi qu’au renforcement des capacités. L’inter­vention vise ainsi à alléger certaines des principales contraintes qui pèsent à la fois sur la demande (le gouvernement en tant qu’acheteur) et sur l’offre (les Pme) des marchés publics.

Lancé officiellement le 23 janvier 2020 à Dakar, le projet Wefi comporte deux volets qui visent à atteindre l’élaboration et la mise en œuvre au Sénégal, de réglementations en matière de marchés publics qui facilitent davantage l’accès des Pmef à la Commande publique, et le renforcement des capacités des Pmef en matière de connaissances des procédures des marchés publics et de capacité globale à remporter ces marchés et à étendre leurs activités vers de nouveaux marchés sur le long terme. Après 2 ans de mise en œuvre, le rapport d’étape du projet a été publié.

Aucune loi relative à la non-discrimination fondée 
Cette situation est corroborée par le fait que les femmes passent 7 heures par jour sur le travail domestique (les hommes passent 30 min par jour). En outre, les femmes sont 15% plus susceptibles que les hommes d’être inactives et gagnent 8% de moins que les hommes dans le secteur formel et 38% de moins dans le secteur informel, lit-on dans le document. Toutefois, les caractéristiques spécifiques des marchés publics, telles que la complexité des procédures, la charge administrative et les exigences rigoureuses en matière de capacités techniques et financières, touchent de manière disproportionnée les Pme et entravent leur accès au marché.

Cette situation est encore plus aggravée dans le cas des entreprises gérées par les femmes. «Les estimations indiquent que les femmes entrepreneures ne fournissent qu’1% de ce marché à l’échelle globale», a conclu le rapport d’étape de Wefi.

L’accès au marché constitue également pour les femmes, une contrainte majeure qui limite les perspectives de génération de ressources, empêchant ainsi leur autonomisation économique, selon le rapport. Des contraintes additionnelles rencontrées par les femmes dans la commercialisation de leurs produits portent sur leur faible capacité en matière de marketing, packaging, connaissance des marchés de niche à haute valeur ajoutée (produits labélisés, certification bio, etc.). Ces contraintes limitent la compétitivité des femmes sur les marchés à fort potentiel requérant des produits répondant à des exigences de qualité et de traçabilité élevées, a conclu le rapport.

Cependant, «vu les contraintes liées à l’environnement des affaires touchant les femmes de manière disproportionnée, si rien n’est fait, l’on peut estimer que la participation des femmes dans les marchés publics au Sénégal risque d’être beaucoup plus faible», lit-on dans le document.
mgaye@lequotidien.sn