L’Ong Lumière synergie développement rejette la Note de synthèse de la Banque africaine de développement, dans laquelle l’institution financière vante les avantages de la Centrale à charbon de Sendou.

Par Khady SONKO – L’organisation non gouvernementale (Ong) Lumière synergie développement (Lsd) rejette la Note de synthèse de la Banque africaine de développement (Bad) concernant le projet de Centrale à charbon de 125 Mw de Sendou, à l’intention du Conseil d’administration de la Bad, publiée le 8 septembre 2023. Selon Lsd, la Bad, dans la rubrique Résultats en termes de développement, affirme que «le projet envisagé augmentera la production annuelle d’énergie électrique en produisant 40% de la production actuelle. Il réduira de manière significative le coût de l’énergie, renforçant ainsi la compétitivité du pays.
Il améliorera la qualité de l’alimentation électrique, créera des emplois et améliorera le cadre de vie».
En outre, poursuit Lsd, la Banque affiche fièrement sa forte implication dans la réalisation du projet. «La banque a ainsi mobilisé 85% du montant de la dette et 60% des fonds propres. En jouant pleinement son triple rôle de financier, conseil et partenaire formalisé par son mandat d’arrangeur principal, la banque a garanti la solidité du projet et le respect des meilleures pratiques.»
Commentaires
(des informations erronées)
«Le Groupe de la Bad, en sa qualité de première institution de financement du développement du continent, a malheureusement publié des informations erronées», commente Lsd dans un communiqué.
En effet, souligne Aly Marie Sagne, le rédacteur du document de Lsd, la Commission de régulation du secteur de l’électricité du Sénégal a établi la puissance nominale installée au 31 décembre 2021 à 1616 Mw. «Ainsi, même si la Centrale de Sendou fonctionnait à plein régime, à savoir 125 Mw (ce qui n’est pas le cas), elle ne représenterait que 7, 73% de la puissance totale installée du pays», souligne le document. Selon toujours la Commission de régulation de l’électricité dans son rapport annuel 2020-2021, insiste le directeur de Lsd, le coefficient de disponibilité de la Centrale à charbon de Sendou renseigne sur la faible performance de la centrale. «En 2018, ce coefficient n’était que de 29, 69%, avant d’atteindre 89, 79% en 2019. En 2021, le coefficient de disponibilité de la centrale n’était que de 14%, de très loin la plus mauvaise performance de tout le parc électrique du Sénégal», rappelle Lsd.
A l’en croire, la Note de synthèse vante aussi le respect des «meilleures pratiques» de la part du projet. «Nous sommes curieux de savoir quelles sont ces meilleures pratiques car, au même moment, la plainte contre ce projet inopportun suit son cours dans le cadre d’une vérification de la conformité. Déjà trois rapports de suivi, et tous les griefs soulevés contre le projet par Lsd et les communautés sont toujours non résolus», rapporte Lsd. En effet, mentionne le document, dans ces rapports, le Mécanisme indépendant de recours reconnaît l’absence de progrès dans la gestion des impacts sur les ressources marines, l’approvisionnement en eau du réseau public, l’inventaire des émissions et la surveillance de la qualité de l’air.
Selon Lsd, la banque semble ignorer le préjudice causé aux milliers de femmes transformatrices de poisson affectées par le projet, mais aussi le litige foncier portant sur 1433 parcelles d’habitations destinées aux victimes de l’érosion côtière en 1997.
«Alors que l’institution s’est engagée en 2019 à ne plus financer de projet énergétique à base de charbon sur le continent, Lsd se pose toujours la question de savoir : que fait encore le Groupe de la Bad à Sendou en cette période de crise climatique ?», interroge le document.
ksonko@lequotidien.sn