En raison des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (Inn), l’Union européenne (Ue) a décidé de surseoir au renouvellement du protocole d’accord de partenariat dans le domaine de la pêche avec l’Etat du Sénégal. Par Justin GOMIS –
Le protocole de mise en œuvre de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne (Ue) arrive à expiration le dimanche 17 novembre 2024 à minuit, cinq ans après le début de son application. Mais, son renouvellement n’est pas encore à l’ordre du jour. Cela, à cause des défaillances qui persistent dans la lutte contre la pêche Illicite, non déclarée et non réglementée (Inn) au Sénégal. L’Ue écarte tout renouvellement du protocole tant qu’il n’y a pas de progrès suffisants du Sénégal dans ce domaine.
Pour rappel, ces défaillances ont été notifiées à l’Etat du Sénégal le 27 mai 2024. La Commission de l’Union européenne (Ue) avait même décerné un «carton jaune» au Sénégal, notifiant la nécessité de renforcer les mesures de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Dans le cadre de l’engagement pris par l’Ue de lutter contre la pêche Inn dans le monde et à la suite de plusieurs années de lacunes et d’un manque de coopération, la commission a pré-identifié le Sénégal en tant que pays non coopérant dans la lutte contre ce fléau.
Ainsi, la partie européenne, qui faisait hier une mise au point sur ce contrat de pêche, a tenu à informer que «les navires européens devront quitter les eaux du Sénégal à l’expiration du protocole». Dans la même veine, «le Sénégal ne recevra plus de contribution financière dans le cadre de l’accord de pêche», a-t-on ajouté. A en croire Jean-Marc Pisani, l’ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, l’absence de protocole de pêche entre l’Ue le Sénégal n’est pas une première. «Entre 2006 et 2014, l’accord avait été stoppé, permettant aux deux parties d’évaluer et de renégocier les conditions», a dit le diplomate. D’après lui, les échanges entre les parties de la semaine dernière à Bruxelles sont fructueux. «Les partenaires se sont mis d’accord pour utiliser cette période de non-renouvellement, afin d’évaluer les résultats obtenus dans le cadre de l’accord actuel.» L’Union européenne a indiqué toute sa disponibilité «à soutenir le Sénégal dans ses efforts de lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée, et à l’aider à remédier aux défaillances constatées». Ce qui amène la partie européenne «à prendre note des engagements du gouvernement sénégalais afin de remédier aux faiblesses du système de contrôle et de traçabilité du secteur et des produits de la pêche».
Sur cette période de cinq ans, indique l’ambassadeur, «les captures de la flotte européenne dans les eaux sénégalaises représentent moins d’1% des captures totales déclarées et réalisées par l’ensemble des flottes dans les eaux sénégalaises, soit près de 10 000 tonnes de poissons. Ces captures, visant uniquement le thon et le merlu noir, ont été réalisées dans les eaux sénégalaises au-delà de 12 milles nautiques des côtes, évitant ainsi une interférence avec les activités de la pêche artisanale sénégalaise».
Le Sénégal encaisse 10 milliards
En termes de revenus générés, il est mentionné dans un document que «l’accord a apporté au budget de l’Etat sénégalais une contribution de 8, 5 millions d’euros, soit plus de 5, 5 milliards francs Cfa, ce à quoi s’ajoutent les redevances versées par les armateurs. Une enveloppe de 900 000 euros par an (590 millions de francs Cfa) a été destinée à la réalisation des projets choisis par l’Administration sénégalaise pour soutenir le développement du secteur de la pêche et sa gouvernance, y compris la surveillance et la recherche scientifique nécessaires pour la préservation des stocks de poissons».
L’ambassadeur d’affirmer que l’accord a permis au Sénégal de gagner un montant total de 10 milliards de francs Cfa sur la période 2019-2024.
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