Après des décennies de service militaire, l’ancien Haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire, Meïssa Niang, a fait ses adieux à ses proches et collaborateurs. L’ancien potache du Prytanée militaire de Saint-Louis tire un bilan positif des 20 mois passés à la tête de la maréchaussée.
Accueilli par la fanfare de la Gendarmerie nationale, il avance la tête haute avec sa tunique bleue qu’il arbore pour la dernière fois. Pas lent, il défile sur le tapis rouge et sacrifie à la traditionnelle revue des troupes. Main toujours levée pour saluer les différents corps présents pour lui rendre un hommage après des années de service. Le tour est vite fait. Les quatre tribunes se lèvent, puis il regagne sa place. Avant de rejoindre quelques instants le musée des Forces armées en compagnie du ministre Augustin Tine pour signer le livre d’or. «Le moment est venu de m’adresser à vous pour mes dernières paroles en tant que Haut commandant de la Gendarmerie nationale. C’est avec énormément d’émotions que je quitte ce corps. A cette occasion, je rends hommage à cette chère famille pour l’affection particulière qu’elle m’accordé tous les jours. Je remercie mes enfants qui n’ont pas eu le bonheur de côtoyer leur père à cause des engagements professionnels. Je remercie tous les gendarmes pour le soutien et la collaboration. Je remercie également le président de la République d’avoir placé en moi toute sa confiance», dit-il, la voix empreinte d’émotions, le regard tantôt dirigé vers les amis, parents et anciens collaborateurs. Emouvante fin d’une carrière dont les premières graines ont été semées au Prytanée militaire de Saint-Louis. C’est dans cet établissement qu’il a fait les cycles moyen et secondaire. Ses débuts au sein de l’Armée ont été marqués par des postes d’adjoint du 1er escadron de la légion de Gendarmerie d’intervention entre 1982 et 1983, puis la compagnie territoriale de Diourbel où il est resté jusqu’en 1985.
Après, le titulaire d’un doctorat en criminologie grimpe et rejoint l’état-major du Haut commandant de la Gendarmerie nationale. Il est devenu chef de Division justice militaire en 1995. Durant son parcours, le général Meïssa Niang a été commandant de Légion de gendarmerie en Casamance, ensuite il a intégré le commandement de la Gendarmerie mobile. Avant de succéder plus tard à son ancien patron Mamadou Guèye Faye à la tête du Haut commandement de la Gendarmerie nationale le 16 novembre 2016. 20 mois après, l’inverse se produit, il s’en va et laisse le fauteuil au général de division Cheikh Sène. Venu présider cette cérémonie, le ministre des Forces armées le dépeint comme un homme de devoir, travailleur et déterminé.
«Je pars avec fierté»
Debout au milieu du détachement de la musique de la gendarmerie, de la Garde présidentielle et de la Gendarmerie territoriale entre autres, il fait son allocution d’une voix claire et audible, le visage obscurci par l’ombre de son béret. Général Meïssa Niang se dit fier de ses réalisations en tant que Haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire. «Le plan stratégique 2017-2019 que le président de la République a bien voulu valider a été élaboré pour permettre à la gendarmerie d’apporter une réponse efficiente à la complexité des nouvelles formes de criminalité. A mi-chemin, on peut citer l’installation de pelotons de la gendarmerie à Saint-Louis, Saly Portudal, Cap Skirring, dotés d’équipements en attendant l’arrivée des unités spécialisées», souligne-t-il. Pour lui, l’innovation majeure est la prise en partie systématique de «célibatorium» au sein des casernes, brigades et postes de gendarmerie nouvellement installés, «facteur demain de conditions sine qua non pour assurer et garantir l’opérationnalité des militaires affectés dans ces différentes localités».
Sur le plan matériel et mobilier, le nouveau retraité loue la réception de nouveaux bâtiments dans les zones suivantes : Ranérou, Linguère, Fimela, Agnam Sébikotane, Kanel, Ndendory et Dodji. Il annonce également que 280 véhicules 4×4 et 50 Berlines ont été acquis sur une commande de plus de 400 pour plus de mobilité. «D’autres chantiers sont en cours : Nganda, Bambey, Podor, Thillé Boubacar, Aéré Lao, Labgar, Palmarin. Je les lègue en toute tranquillité d’esprit à mon successeur, le général de division Cheikh Sène, car étant persuadé qu’ils seront achevés au grand bonheur des populations». Néanmoins, il regrette le fait que «la primauté des intérêts particuliers et des luttes de positionnement dont la finalité n’est pas toujours l’intérêt général. La Gendarmerie nationale subit souvent des agressions de toutes parts, bien souvent déloyales».
A la fin de son speech, il refait le tour du terrain, pas lourd, visage gagné par l’émotion. Un sentiment partagé avec l’assistance qui le démontre par des salutations à distance et des prises de vue. Main levée, il tourne le dos, avance et s’engouffre dans son véhicule, le temps que le maitre de cérémonie lit le contenu du livre d’or. Ses dernières paroles avant de tomber dans les bras d’une troisième vie qui l’attend.
Stagiaire