Malgré la cherté des factures d’électricité et la bonne santé économique données à la Senelec, la boîte bute sur des difficultés financières. La 2e Lfr 2019 votée hier par la majorité des députés consacre 125 milliards de ressources budgétaires nouvelles à la Senelec pour faire face aux impayés de 2017, 2018 résultant du blocage des prix de l’électricité et de l’augmentation des prix du baril. Défendant son projet, le ministre des Finances et du budget argue que la Senelec a des difficultés de trésorerie due à des impayés. Pourtant, Abdoulaye Diallo dira lui-même que la Senelec a fait un résultat bénéficiaire en 2018. Ce qui ce passe, c’est que l’entreprise a un problème de comptabilité. «On peut avoir un bénéfice et ne pas disposer de ressources de trésorerie», a soutenu M. Diallo. En l’en croire, il y des clients qui doivent de l’argent à la Senelec dont l’Etat et beaucoup d’autres gros clients. «…Ce n’est pas une société mal gérée, la Senelec a des difficultés de trésorerie dues à des impayés de certains de ses clients dont l’Etat», a tenu à préciser le ministre en charge des Finances. Qui ajoute que «ces arriérés sont simplement dues à des pertes commerciales».
Le ministre a précisé que d’un commun accord avec le Fmi dans le cadre de l’Instrument de coordination des politiques économiques, un plan d’apurement sur trois ans 2020-2022, des impayés au titre des années antérieures à 2019, a été élaboré et validé. Ce transfert de 125 milliards de francs s’inscrit dans ce cadre. L’énergie sera donc le grand gagnant de la présente Lfr puisqu’au moins 141,1 milliards lui seront consacrés.

Sonko exige un audit de la Senelec
Du côté des députés de l’opposition, ce fut une incompréhension. Ce secteur est pour eux un gouffre à milliards. Pour Ousmane Sonko, ce privilège à la Senelec n’est autre qu’une recommandation du Fmi. «Si vous regardez le communiqué du Fmi datant du mois de septembre, c’est ça que le Fmi demandait au Sénégal, ce n’est pas une initiative du Sénégal», accuse le président de Pastef les patriotes. «La Senelec avait été décrite comme étant une entreprise qui avait été assainie au point de dégager un bénéfice de 36 milliards en 2017. Que s’est-il passé subitement pour qu’on nous dise que la Senelec est devenue moribonde», s’interroge le député. Pour lui, l’Etat se réfugie derrière la hausse des prix des hydrocarbures pour justifier son acte. «Sur les six dernières années, nous avons une baisse drastique des hydrocarbures. Le prix du baril était descendu jusqu’à 130 dollars, alors qu’il est passé à 100 dollars vers les années 2011. Pourtant, la Senelec n’a pas réajusté en conséquence sur la consommation des usagers. A la limite, ils ont fait une baisse qui est en moyenne de 10%. La Senelec est devenue un gouffre financier de l’Etat.» Ousmane Sonko exige par ailleurs des audits en profondeur sur la gestion de cette entreprise.