Affaire Ndiaga Diouf : La plaidoirie de Barth’

C’est une théorie digne d’Hollywood. Khalifa Sall, qui serait écarté pour défaut de parrains parlementaires, à cause du fait que Barthélemy Dias perdrait son mandat de député suite à la confirmation de sa condamnation dans l’affaire Ndiaga Diouf. C’est le scénario que le maire de Dakar a servi hier à la presse. Mais cette sortie peut être plus une opération de communication qui replacerait son leader en pole position pour la Présidentielle qu’autre chose ! Par Malick GAYE –
C’est ce qu’on appelle un jeu d’échecs. Avant ce 22 décembre, date choisie pour vider l’affaire Ndiaga Diouf, qui a perdu la vie lors des événements à la mairie de Sacré-Cœur, devant la Cour suprême, Barthélemy Dias a voulu anticiper sur les conséquences de cette audience. Dans un message codé, le maire de Dakar a affirmé que s’il est révoqué de son mandat de député, c’est son collègue maire de Grand-Yoff, Madiop Diop, qui doit le remplacer. Le député-maire de Dakar suspecte une éventuelle mainmise du pouvoir pour retarder son installation. Ce qui aura comme conséquence de disqualifier le maire de Grand-Yoff comme potentiel parrain de Khalifa Sall. Par conséquent, le maire de Dakar révèle que son mentor va choisir le parrainage parlementaire. A cet effet, la sortie de Barth’ semble avoir d’autres objectifs. En effet, au cas il serait révoqué et qu’il soit remplacé par Madiop Diop, il y a peu de chance que Khalifa Sall soit recalé au parrainage parlementaire. En effet, au début de cette législature, ils étaient 13 députés à venir du mouvement Taxawu Senegaal, membre de la coalition Yewwi askan wi, qui elle-même forme avec Wallu l’intercoalition de l’opposition. Le jeudi 18 mai 2023, Lemou Touré Ndiaye, députée du Pds, élue sur la liste départementale de Thiès, est décédée. C’est Aimée Astou Fall qui l’a remplacée. Cette dernière est membre de Taxawu Senegaal. Ce qui porte à 14 le nombre de parlementaires appartenant au mouvement de Khalifa Sall, soit un de plus que les 13 parlementaires requis pour parrainer un candidat. Dès lors, quel est le but recherché en avertissant sur une éventuelle manœuvre politique du pouvoir pour retarder l’installation de Madiop Diop ? A moins de 3 mois, cette interrogation peut trouver une réponse dans la relation entre Taxawu Senegaal et Pastef, les frères ennemis. En effet, la bataille de communication semble être gagnée par les «Patriotes», qui ont réussi à peindre Barth’ et Khalifa comme des «traîtres qui ont combiné avec le pouvoir pour écarter Sonko». A tort ou à raison, cette idée a une conséquence. Ils sont nombreux à penser que Khalifa roule, en réalité, pour Macky. A cet effet, peut-on affirmer que Barth’ a choisi d’attaquer le pouvoir pour refaire son image ? C’est une équation à 2024 inconnues, surtout quand on se remémore la fameuse phrase «Barth’, tu fais bouger les lignes» que le président de la République avait prononcée lors de la cérémonie d’ouverture du Forum mondial de l’économie solidaire dont la poignée de main entre Macky Sall et Khalifa Sall avait fini de faire le buzz sur la toile. Se départir de cette image ne peut qu’être salutaire pour Barth’ et Taxawu, qui sont à la quête d’électeurs. Et il faut l’avouer : tirer sur le pouvoir est un excellent moyen pour parvenir à ses fins… politiques ou électoralistes.
mgaye@lequotidien.sn