Afrikajom Center organise une Journée nationale de réflexion, dans le but de réunir toutes les parties prenantes pour un «dialogue et la concertation», et élaborer des «solutions concrètes de sortie de crise», avec le thème «Le Sénégal : modèle démocratique à la croisée des chemins.» Longtemps reconnu pour son modèle de démocratie pluraliste stable, le Sénégal est aujourd’hui confronté à des défis majeurs qui remettent en question sa réputation en Afrique. A l’héritage économique et social, s’ajoute une «crise au sommet de l’Etat» qui pourrait dégénérer en «contentieux institutionnel». Ces éléments, qui manifestent une défiance généralisée envers les institutions et les élites, placent le pays à un «tournant crucial de sa trajectoire historique et politique», nécessitant un «véritable sursaut national» pour réinventer une nouvelle architecture politique consensuelle.

La situation nationale s’inscrit dans un contexte plus large de crise de la représentation démocratique et de l’émergence de mouvements populistes mondiaux. Au plan régional, l’Afrique de l’Ouest connaît une multiplication des crises, notamment une crise sécuritaire au Sahel et une «crise de la démocratie et du suffrage universel» marquée par la recrudescence des coups d’Etat militaires (Burkina Faso, Mali, Niger) et la montée des dictatures militaires.
L’étude identifie plusieurs caractéristiques spécifiques à la crise de la démocratie sénégalaise : un champ politique «fortement polarisé et judiciarisé» entre le pouvoir et l’opposition, la crise des partis politiques traditionnels, qui peinent à se renouveler. Sans oublier la montée du populisme, qui cherche à servir d’alternative à la démocratie représentative et promeut une «souveraineté négative» en positionnant le parti au pouvoir comme principal contestataire radical. Il y a aussi la contestation de certaines institutions-clés de la République, notamment la Présidence, la Justice et les organes de régulation, des attaques contre la presse et la Société civile, ainsi que des atteintes aux droits humains, l’amplification des divisions et des discours de haine par l’avènement des réseaux sociaux, polluant l’espace public.