En quittant son domicile ce samedi, Ahmadou Diallo, quinquagénaire, n’imaginait pas qu’il allait croiser le chemin de ces tueurs. Il a été atteint aux cotes, mais sa vie n’est plus en danger. Et sa mémoire a enregistré le film du carnage de Bofa-Bayotte. C’est un récit et rapport de l’attaque très poignants.

«J’étais parti chercher du bois mort dans la forêt. J’avais une commande pour un chargement de 3 000 F Cfa déjà payée par une femme pour une cérémonie familiale. C’est ainsi que j’ai rencontré vers 11 heures et plus sur mon chemin en pleine forêt deux personnes qui m’ont interpellé et neutralisé. Ils m’ont demandé si j’avais un téléphone portable. Ils m’ont sommé de l’éteindre sur le champ avant de me conduire dans un endroit où j’ai trouvé plusieurs personnes déjà interpellées. Nous étions une vingtaine. Alors que les autres hommes étaient plus de 30, et même 40. Certains parmi eux portaient des uniformes et d’autres étaient encagoulés. Ils nous ont ordonné d’enlever nos chaussures. Ensuite, ils nous ont demandé de nous coucher par terre. Nous formions un rang, tous couchés et le ventre à terre. C’est par la suite qu’ils ont commencé à nous arroser des balles. Ceux qui tentaient de fuir ont été achevés. Moi, je n’ai pas bougé. Malgré tout, j’ai été touché au niveau de mes côtes et une autre balle m’a effleuré la tête. J’étais à côté d’une autre personne qui a lui la chance d’être épargnée par les balles. Elle n’est pas blessée, mais ne bougeait pas comme moi du reste. Quelque temps après, les hommes armés sont partis en profondeur dans la brousse. J’ai regagné la route principale où j’ai eu la chance de rencontrer un taxi clando que j’ai pris avec les 3 000 F Cfa que j’avais bien cachés.»