«Un enfant sur deux vivant au Sénégal souffre de pauvreté multidimensionnelle», a révélé, jeudi à Dakar, le représentant adjoint du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) au Sénégal, Albert Ewodo Ekani. M. Ekani intervenait à la présentation des résultats d’une étude portant sur la pauvreté de l’enfant au Sénégal.
L’étude a été menée par l’Unicef et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) du Sénégal. Il a appelé à la mobilisation de ressources et d’opportunités nécessaires pour garantir un avenir prospère aux enfants. «Aujourd’hui, quatre enfants sur 10 vivent dans des ménages monétairement pauvres, tandis qu’un enfant sur deux souffre de pauvreté multidimensionnelle», a-t-il déclaré.
Albert Ewodo Ekani précise que la pauvreté multidimensionnelle chez les enfants, comme l’indique la notion, va au-delà de la dimension financière. Elle concerne «beaucoup de dimensions qui affectent leur vie, notamment l’accès à l’eau, à l’assainissement, à la nutrition, à la santé, à l’éducation et au logement», a-t-il dit. «En comprenant et en agissant contre la pauvreté multidimensionnelle, nous pouvons mieux garantir un avenir plus équitable et plus prospère pour les enfants», a assuré M. Ekani.
Cela passe par la mobilisation de ressources et d’opportunités nécessaires à leur plein épanouissement, a-t-il insisté. Selon le directeur du Plan et des politiques économiques au ministère de l’Economie, du plan et de la coopération, Souleymane Diallo, des études montrent que les enfants vivant dans la pauvreté ont de grandes chances de rester pauvres encore à l’âge adulte.
M. Diallo pense néanmoins que les conditions de vie de l’enfant peuvent être améliorées avec l’élaboration d’un programme de renforcement de la nutrition, la stratégie nationale de protection de l’enfant et la stratégie nationale de protection sociale.
Il rappelle que «le Sénégal est confronté à des défis importants en ce qui concerne la pauvreté de manière générale, celle des enfants en particulier».
La région de Dakar présente le taux «le plus faible (18%)»
Les données de l’enquête révèlent, selon lui, une situation de pauvreté infantile mais aussi des conséquences sur la santé, l’éducation et le bien-être des enfants.
Présentant l’étude, Yaya Ly, un agent de l’Ansd, signale que l’indice de privation multidimensionnelle chez les enfants de 15 à 17 ans est de 43, 2% au niveau national. «Comme pour les autres tranches d’âge, les taux de privation les plus élevés sont souvent observés chez les enfants vivant en milieu rural (60, 8%). Il est de 25, 2 % en milieu urbain», a-t-il indiqué.
Selon M. Ly, les résultats de l’étude montrent que presque tous les enfants du Sénégal (97, 9%) souffrent de privation, «si on considère au moins une seule dimension au lieu des quatre retenues».
En désagrégeant les indices de pauvreté multidimensionnelle en fonction du milieu de résidence, l’étude montre que le taux de privation multidimensionnelle des enfants en milieu rural (66, 5 %) est plus élevé que celui des enfants en milieu urbain (28, 1%). L’étude fait également ressortir qu’entre zéro et quatre ans, près de quatre enfants sur 10 (39, 7%) souffrent de «privations simultanées dans au moins quatre dimensions». «C’est en milieu rural qu’on trouve le plus d’enfants âgés de zéro à quatre ans privés nutritionnellement», a signalé Yaya Ly. Les régions de Kédougou (82, 15%), Kolda (79, 4%) et Sédhiou (78%) présentent les taux de prévalence de la pauvreté multidimensionnelle les plus élevés au Sénégal, a-t-il ajouté sur la base de l’étude.
La région de Dakar est celle qui présente le taux «le plus faible (18%)».