Alioune Diouf, directeur de la Dette publique : «Recourir au marché intérieur, c’est réduire notre vulnérabilité à la dette

Après une première opération réussie, le Sénégal est retourné sur le marché financier régional pour y lever 300 milliards de francs Cfa. Et d’autres sont en vue pour renforcer la capacité de financement du Sénégal.Par Dialigué FAYE –
Cgf Bourse a procédé, hier, au lancement du nouvel emprunt obligataire par Appel public à l’épargne (Ape) du Sénégal d’un montant de 300 milliards de francs Cfa. Une deuxième opération après celle lancée en mars 2025, d’un montant de 405 milliards de francs Cfa. Justifiant ce retour sur le marché domestique, le directeur de la Dette publique a soutenu que le fait de «recourir au marché intérieur, c’est pour d’abord réduire notre vulnérabilité à la dette». «Lorsque nous émettons en monnaie locale, nous atténuons le risque de change qui pèse sur notre dette extérieure. Nous préservons nos marges de manœuvre budgétaires et renforçons notre autonomie de financement, indépendamment des aléas extérieurs.
Le marché sous-régional de l’Uemoa, structuré, régulé et en croissance, représente une opportunité majeure pour accompagner les aménagements budgétaires de l’Etat. C’est un levier essentiel pour faire du citoyen, de l’entreprise et de l’institution un acteur direct de la transformation nationale», assure Alioune Diouf.
Dans la structuration de cette opération, l’Etat du Sénégal, via le Trésor public, a été accompagné par Cgf Bourse, Société générale du Sénégal et Société générale capital securities West Africa.
«Nous avons structuré, avec le Trésor public, un produit qui allie accessibilité, sécurité, rentabilité et impact. Accessible, car il est ouvert à tous dès 10 000 francs Cfa. Sécurisé, car il repose sur un cadre réglementaire solide, reconnu et éprouvé. Rentable, car il offre des conditions compétitives dans un environnement d’épargne exigeant. Et porteur de sens, car chaque souscription soutient des projets concrets d’éducation, de santé, d’infrastructures, de transition numérique», renseigne Kalidou Diallo, Directeur général de Cgf Bourse, en sa qualité de chef de file.
S’agissant des garanties offertes aux candidats à la souscription, le Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor relève «l’existence de mécanismes de refinancement via la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) et des avantages fiscaux prévus par les lois en vigueur, rendant ces titres attractifs».
Selon Amadou Tidiane Gaye, la mobilisation de ces ressources s’inscrit dans la mise en œuvre du Plan d’action prioritaire (Pap) 2025-2029, adossé à la Vision Sénégal 2050. Ce plan, d’un montant de plus de 5600 milliards de francs Cfa, indique-t-il, «vise à financer les projets inscrits dans la loi de finances dont une version rectificative est attendue prochainement».
Le Dgcpt annonce ainsi que les émissions obligataires seront étalées sur toute l’année, avec un rythme d’une opération par trimestre, en vue de renforcer de manière durable la capacité de financement du Sénégal par les marchés.
Le directeur de l’antenne nationale de la Bourse des valeurs mobilières (Brvm) rappelle qu’entre «1998 et 2024, le marché financier régional a permis de mobiliser plus de 18 730 milliards de francs Cfa par émissions obligataires dont près de 15 886 milliards levés par les Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)».
Le Sénégal, précise Oumar Dème, «à lui seul, a levé 4302 milliards de francs Cfa, soit 8, 19% du total, sur cette période.
Ces ressources ont permis au pays de satisfaire, de manière alternative, une partie de ses besoins de financement dans le cadre de son budget d’investissement consolidé, en complément des levées de fonds habituelles par émissions de titres du Trésor».
Pour M. Dème, cette nouvelle «opération illustre non seulement la confiance continue de l’Etat du Sénégal envers le marché financier régional, mais aussi sa volonté stratégique de recourir à des instruments de financement innovants, transparents et inclusifs».
Contrairement à l’émission de mars qui est passée inaperçue, ce deuxième Ape 2025 de l’Etat sénégalais est accompagné d’une vaste campagne de communication.
Avant la fin de la cérémonie de lancement de cet emprunt obligataire, un montant de 547 millions 250 mille francs Cfa a été enregistré sur place, suite à des annonces de candidats à la souscription.
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