Amadou Moustapha Gaye, président de la Listab : «Le Sénégal doit s’abstenir de célébrer la Journée mondiale sans tabac»

La Journée mondiale sans tabac se déroule aujourd’hui. Mais, pour Amadou Moustapha Gaye, président de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab), le Sénégal ne doit pas la célébrer, en pointant les manquements qui entourent la stratégie de lutte contre ce fléau.Par Amadou MBODJI –
Aujourd’hui, samedi, marque la Journée mondiale sans tabac. Pour Amadou Moustapha Gaye, président de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab), cette journée ne mérite pas d’être célébrée au Sénégal, mettant en avant un certain nombre de griefs pour justifier sa position. Le 31 mai 2025 est la Journée mondiale sans tabac, Jmst, et le thème de cette année est : «Levons le masque !» Mais cette année, le Sénégal, dit-il, doit s’abstenir de la célébrer du fait de la situation de léthargie dans laquelle se trouve la lutte antitabac. «Malgré d’énormes efforts consentis et les résultats obtenus grâce à l’engagement des véritables acteurs, la lutte contre le tabagisme au Sénégal continue de rencontrer des obstacles et est aujourd’hui dans une véritable impasse, du fait tout simplement que certains textes règlementaires qui doivent régir et renforcer les dispositions juridiques et complémentaires de la loi contre le tabac sont bloqués dans le circuit administratif depuis plus de cinq ans», souligne le patron de la Listab à travers un communiqué. Il interpelle ainsi, dans la foulée, les autorités «de la situation chaotique dans laquelle se trouve la lutte contre le tabac». «La lutte contre le tabac est en train d’échouer au Sénégal. La loi antitabac votée le 14 mars 2014 est en souffrance pour non-application par l’Etat du Sénégal, car certains textes règlementaires qui doivent régir et renforcer les dispositions juridiques et complémentaires de la loi contre le tabac manquent d’être concrétisés, sans que personne ne puisse nous fournir des explications. Nous savons tous que la loi antitabac du Sénégal est en souffrance, car elle n’est appliquée ou respectée nulle part. La loi antitabac du Sénégal est dans une léthargie, une impasse totale et en souffrance pour non-application», admet M. Gaye, appelant à un «traitement urgent» de la situation. «Le constat est que M. le ministre de la Santé et son administration sont dans les mêmes travers que les derniers ministres de la Santé de l’ancien régime, qui n’ont posé aucun acte allant dans le sens de faire avancer la lutte antitabac au Sénégal. Nous constatons malheureusement que l’administration du Msas est en train d’engager Ibrahima Sy dans les mêmes travers que les autres ministres qui ont plombé la lutte antitabac au Sénégal», dit le président de la Listab.
Amadou Moustapha Gaye rappelle que «l’arrêté portant interdiction de l’importation, de la distribution, de la vente et de l’usage de la chicha ou narguilé, déjà signé par les ministres de la Santé et du Commerce depuis plus de cinq ans, attend juste une numérotation pour entrer en vigueur». M. Gaye attire l’attention en estimant que «plus de 600 bars à chicha ont été enregistrés à Dakar, un moyen qui pousse les jeunes âgés entre 10 et 18 ans de s’adonner au vapotage au vu et au su de tous».
Aujourd’hui, il exige le retrait du circuit administratif, des textes de loi du projet de loi antitabac qui aurait été finalisé, validé en commission technique en novembre 2023, et transmis au Secrétariat général du gouvernement pour inscription à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Selon lui, ils ont «été confectionnés sans concertation et à l’insu des vrais représentants de la Société civile».
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