L’affaire de la destruction des maisons à la Cité Gadaye de Guédiawaye va être jugée en appel le 3 décembre prochain. Un dossier renvoyé hier par le juge pour exécution du mandat de dépôt décerné contre le promoteur immobilier, Babacar Fall. En effet, le condamné a écopé en première instance d’une peine de 2 ans de prison ferme. Malgré cette condamnation, il a toujours bénéficié d’une liberté. Une situation qui a irrité la colère des parties civiles réunies au sein du Collectif des victimes de la Cité Gadaye. Ainsi le 3 septembre dernier lorsque l’affaire avait été renvoyée, les victimes avaient pris d’assaut le secrétariat du procureur de la République pour réclamer justice. Ces personnes dont les maisons ont été démolies voulaient coûte que coûte rentrer en possession de la décision rendue par le premier juge. Elles ont tout bonnement été évacuées du Palais de justice Lat-Dior par les gendarmes sur ordre du procureur, Serigne Bassirou Guèye. Hier lundi, pour parer à tous ces débordements, un important dispositif sécuritaire a été déployé.
Secrétaire général du collectif, Mbaye Tine disait : «Ce qui se passe est scandaleux. Le Tribunal avait décerné un mandat d’arrêt contre le promoteur Babacar Fall avec qui nous avons eu des problèmes à l’époque. Il a été condamné à 2 ans de prison ferme et à payer une amende. Et depuis le 14 septembre (2017), le condamné n’est pas encore arrêté. Il paraît que le mandat d’arrêt a été signé par un procureur et, c’est Serigne Bassirou Gueye qui doit contresigner pour qu’on puisse arrêter le condamné. Maintenant depuis 3, 4 audiences devant la Cour d’appel, le président nous demande d’aller chercher le mandat d’arrêt pour qu’on puisse arrêter Babacar Fall. On sait que le mandat d’arrêt est dans le bureau de Serigne Bassirou Guèye. Nous sommes montés pour demander pourquoi il n’est pas encore signé.»
Les propriétaires desdites maisons avaient servi une citation directe au promoteur immobilier pour les infractions suivantes : «Destruction de biens appartenant à autrui, faux et usage de faux et escroquerie à jugement.» Ils estiment que le promoteur immobilier leur a causé du tort en détruisant leurs concessions.
Pourtant sur le même site situé dans la banlieue dakaroise, Babacar Fall réclame la légitimité sur un terrain de plusieurs hectares «qu’il a acquis légalement» auprès des représentants légitimes de la famille Ndiobène, sise à Yeumbeul. Et il n’a pas hésité en son temps à saisir la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dscos). Estimant être dans ses droits, Babacar Fall a ainsi procédé à la destruction des maisons appartenant à 253 familles. Ces dernières soutiennent, à leur tour, que les terrains sont leurs propriétés. Et selon les parties civiles, les terres leur ont été vendues par un certain Ibrahima Diop, un des héritiers de la famille Ndiobène, à plus de 2 milliards de francs Cfa.
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